Affaire Andrieux à Toulon : «On l’appelait le Benalla de la police nationale !»
© BENOIT TESSIER Source: Reuters
Selon Le Parisien, Didier Andrieux, filmé en train de frapper des manifestants le 5 janvier, avait déjà été sanctionné pour une violence commise contre l’un de ses collègues il y a deux ans. Il avait alors écopé d’un simple avertissement.
D’après Le Parisien du 6 janvier, Didier Andrieux, commandant divisionnaire de police filmé en train de frapper plusieurs personnes lors de l’acte 8 des Gilets jaunes à Toulon, avait déjà été épinglé pour un acte de violence. Selon le quotidien, il aurait pratiqué «une manchette à un major de police dans les locaux de la sûreté départementale à Toulon» en 2015. Didier Andrieux était alors le chef du service d’ordre public et du soutien (SOPS) à Toulon.
Toujours d’après Le Parisien, le policier aurait par la suite reçu le soutien de sa direction, qui lui aurait appliqué la plus légère des sanctions, à savoir un simple avertissement. En effet, pour Didier Andrieux, ce coup était involontaire, et aurait touché malencontreusement son collègue alors qu’il était destiné à percuter… une armoire.
Le Parisien précise que la victime de l’époque avait eu tout de même «l’arcade sourcilière et le nez fracturés» et que le coup aurait résulté d’un litige entre les deux hommes sur une affaire policière. La justice ne s’était pas non plus impliquée dans l’affaire. Interrogé par le journal, un policier toulonnais atteste qu’«en interne, beaucoup de policiers avaient jugé la sanction très indulgente et [que] cela avait créé un grand malaise». Didier Andrieux aurait également reçu auparavant «une récrimination manuscrite pour des violences verbales» à l’encontre du commissaire divisionnaire Stéphane Rambaud et d’un autre agent.
Son parcours à Marseille avait déjà abouti à une mutation en 2008
Par ailleurs, contacté par RT France, un ancien membre du Raid qui a travaillé avec lui pendant plusieurs années a livré des révélations supplémentaires sur son ancien collègue. Selon cette source, Didier Andrieux a intégré l’ancêtre du Raid, le Groupe d’intervention de la police nationale (GIPN) en 1996, mais a ensuite fait l’objet d’inquiétudes de la part de ses subordonnés hiérarchiques.
Point culminant de cette crise interne, en décembre 2007, ses collègues du GIPN ont fait savoir à leur hiérarchie qu’ils ne souhaitaient plus travailler sous ses ordres. Dans un courrier, ils mentionnaient notamment ses «troubles du comportement», qui se manifestaient sous la forme de «pensées suicidaires» et de «crises de larmes». Le commandant serait même allé jusqu’à suspecter ses collègues d’avoir saboté son véhicule de service. A en croire cette source, «la crise couvait déjà depuis deux ans» et une intervention s’étant mal déroulée aurait même été «transformée en acte héroïque [de sa part] dans la presse».
Entre policiers, depuis l’été dernier, on l’appelait justement le Benalla de la police nationale !
Problème : l’ancien collègue de Didier Andrieux déplore qu’à cette époque, «la hiérarchie locale l’a défendu». Les membres du GIPN ont alors décidé de porter l’affaire à la Direction Centrale de la police, à Paris, en dénonçant une «situation alarmante». Ce niveau supérieur de hiérarchie aurait alors été contraint de réagir, selon cette source policière : en vertu de l’article 25 («dans l’intérêt du service») Didier Andrieux est alors muté au Raid de Paris en 2008 pour une durée de six mois, tandis que ses anciens subordonnés sont mutés dans «les services de leur choix». Ensuite, Didier Andrieux a été muté à Toulon jusqu’à l’affaire du 5 janvier 2019 qui a défrayé la chronique et malgré l’affaire interne révélée par Le Parisien.
La hiérarchie locale l’a défendu
Son ancien collègue du Raid a décrit l’homme comme «un gros bûcheur qui sait se rendre indispensable à sa hiérarchie», mais n’a pas oublié son comportement : «Il aime souvent se décrire comme l’officier le plus décoré de France et, comme il était initialement motard de la police, il espérait être à la tête des motards lors du défilé du 14 juillet suite à quoi il pensait être décoré de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron lui-même.» Selon les révélations de l’AFP évoquant une source proche du dossier, Didier Andrieux figurait effectivement à la promotion à la Légion d’honneur du 1er janvier 2019. Et la source de RT France de déplorer : «Ce gars, il était systématiquement protégé, il faisait ce qu’il voulait. Entre policiers, depuis l’été dernier, on l’appelait justement le Benalla de la police nationale ! Mais pour moi, sur les images du 5 janvier, il déshonore la police et le service d’élite auquel il a appartenu.»
«Déposez plainte, y’a pas de soucis»
Didier Andrieux est actuellement au cœur d’une polémique embarrassante pour les forces de l’ordre. Il a en effet été filmé lors de l’acte 8 des Gilets jaunes à Toulon en train de frapper plusieurs individus à mains nues, notamment au visage.
Dans une autre vidéo prise lors du rassemblement des Gilets jaunes de Toulon, émaillé d’incidents, on entend le commandant affirmer aux manifestants mécontents de son attitude : «Déposez plainte, y’a pas de soucis !»
Si le procureur de la République de Toulon, Bernard Marchal, a assuré ne pas avoir ouvert de procédure contre lui, jugeant qu’il avait «agi proportionnellement à la menace», le préfet du Var a annoncé avoir saisi la police des polices, l’IGPN.
D’après Le Parisien, Didier Andrieux, pour sa part, devait rendre avant ce 6 janvier au soir un rapport à sa hiérarchie.
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Source : RT France
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