Accusations de viols : l’enquête visant l’ex-ministre Jean-Michel Baylet classée pour prescription

Jean-Michel Baylet, le 4 décembre 2018 à Paris. (Lionel Bonaventure/AFP)

Jean-Michel Baylet avait été confronté pendant cinq heures à la plaignante en octobre dernier, dans les locaux de la Brigade de protection des mineurs à Paris.

Le parquet de Paris a classé sans suite pour cause de prescription l’enquête visant l’ex-ministre Jean-Michel Baylet, ouverte après que la fille d’un ancien ami politique a dénoncé des faits de viols et d’agressions sexuelles qui dateraient des années 1980, lorsqu’elle était mineure.

Le patron de La Dépêche du Midi est accusé par Nathalie Collin, fille de l’ancien sénateur PRG du Tarn-et-Garonne Yvon Collin, de viols et d’agressions sexuelles lorsqu’elle avait entre 12 et 14 ans, au début des années 1980, ce qu’il conteste. « Ce qui est important, c’est que le parquet ne dit pas qu’il a classé parce que les faits sont insuffisamment caractérisés », a souligné vendredi auprès de l’AFP Me Zoé Royaux, avocate de Mme Collin.

Sollicité par l’AFP, le parquet de Paris a confirmé avoir classé la procédure sans suite du fait de l’acquisition de la prescription de l’action publique. Selon une source proche du dossier, le classement date du 17 janvier. Sollicité, l’avocat de M. Baylet n’a pas donné suite dans l’immédiat.

Les faits que dénonce Mme Collin auraient débuté lors de vacances en Grèce avec ses parents dans la villa de Jean-Michel Baylet, puis se seraient poursuivis. Ses souvenirs sont parfois « lacunaires », reconnaissait-elle volontiers dans un entretien à l’AFP en 2021, mais ils sont également faits « d’images précises de lieux (Paris, Font-Romeu, Toulouse), d’actes et d’odeurs ». Sur sa dénonciation, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour « viols » et « agressions sexuelles » sur mineur de moins de 15 ans le 9 juin 2020.

Confrontation de cinq heures

Après avoir été entendu par les policiers en audition libre en février 2021, l’ancien ministre, âgé de 75 ans, avait été confronté pendant cinq heures à son accusatrice en octobre dans les locaux de la Brigade de protection des mineurs à Paris. « J’en ressors comme je suis rentré, libre comme l’air », avait déclaré à l’issue de cette confrontation M. Baylet, qui a toujours contesté les faits.

Pour Nathalie Collin, aujourd’hui âgée de 53 ans, cette confrontation lui a permis de « dire tout ce qu’elle avait besoin de lui dire (…) et qu’elle a retenu pendant ces années », avait expliqué Me Zoé Royaux. Il y a une dizaine d’années, une ancienne relation de la famille Baylet avait dénoncé des faits de viols visant Nathalie Collin dans un signalement au procureur de Montauban.

Entendue, elle avait nié. « Mais c’était faux, je n’étais simplement pas prête », avait-elle reconnu. Elle s’est tue « parce qu’on est pétrie de culpabilité, de honte et que la révélation est une menace pour l’équilibre de la famille ». Désormais, « la honte a changé de camp », a estimé vendredi Me Zoé Royaux.

Des rivaux politiques

Amis de longue date, M. Baylet et M. Collin sont devenus des rivaux politiques et se livrent depuis plusieurs années une guerre virulente avec accusations de part et d’autre. L’ancien président du Parti radical de gauche (1996-2016) et ex-sénateur du Tarn-et-Garonne a participé à quatre reprises à des gouvernements de gauche sous la présidence de François Mitterrand puis de François Hollande, pour lequel il a été ministre de l’Aménagement du Territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales.

Jean-Michel Baylet est également un des propriétaires et le président du groupe de presse La Dépêche du Midi, et est vice-président de l’Alliance de la presse d’information générale. Actuel maire de Valence-d’Agen (Tarn-et-Garonne), il a été réélu au conseil départemental du Tarn-et-Garonne mais a décidé de laisser la présidence du département.

Le parquet de Paris a pris l’habitude d’ouvrir systématiquement des enquêtes sur les accusations de violences sexuelles contre des mineurs, même si les faits sont apparemment prescrits, afin de vérifier les faits et de rechercher d’éventuelles autres agressions non prescrites.

Source : Actu17

Répondre à Justice Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *