Visé par une plainte pour viol, Gérald Darmanin peut-il tenir ?

imageGérald Darmanin. /AFP

Le choix de Gérald Darmanin pour devenir ministre de l’Intérieur a choqué les féministes qui ont manifesté devant la place Beauvau. La contestation ne semble pas vouloir faiblir mais la majorité assume son choix et met en avant la présomption d’innocence.

Peut-on être ministre de l’Intérieur tout en faisant, soi-même, l’objet d’une procédure judiciaire ? Peut-on diriger la police alors qu’un doute plane quant à sa propre probité ? Peut-on déclarer l’égalité entre les femmes et les hommes grande cause du quinquennat et choisir comme numéro 6 du gouvernement, une personnalité soupçonnée de viol, de harcèlement sexuel et d’abus de confiance ? Bien que prime la présomption d’innocence, ce sont les questions que pose aujourd’hui la levée de boucliers qui fait suite à la nomination de Gérald Darmanin place Beauvau.

Depuis lundi soir et l’annonce du nouveau gouvernement, les critiques se multiplient. Mardi, une vingtaine de féministes qui voulaient manifester devant le ministère de l’intérieur, à l’occasion de la passation des pouvoirs entre Gérald Darmanin et Christophe Castaner, ont été stoppées par les forces de l’ordre. Non loin de la place Beauvau, elles ont scandé des slogans : « Darmanin démission » et « Darmanin violeur », en brandissant des pancartes : « Darmanin à l’intérieur, vous vous torchez avec nos plaintes ».

Un rassemblement a ensuite été organisé dans l’après-midi devant l’église de la Madeleine.

À tel point que les policiers, chargés de protéger les futurs déplacements du ministre, ont eu pour ordre d’augmenter les effectifs afin d’éviter tout incident. Une complexité de plus à gérer à l’heure où chaque visite de terrain donne déjà lieu à des précautions particulières à cause des manifestations sporadiques de Gilets jaunes. Alors, Gérald Darmanin, peut-il rester ministre de l’Intérieur ? Tout d’abord, il semble impossible, pour Emmanuel Macron, de se dédire aussi vite. Les accusations contre Gérald Darmanin étaient connues de tous et l’Élysée a décidé, en le nommant malgré tout à ce poste sensible, de les assumer.

De plus, depuis trois jours, les oppositions ne semblent pas vouloir monter au créneau sur le sujet. Aucune question n’a été posée lors des questions au gouvernement à l’Assemblée puis au Sénat sur ce sujet. La majorité peut donc espérer que l’affaire se calme et que la justice rende rapidement une décision favorable au ministre de l’Intérieur.

Reste qu’il doit désormais, lors de chaque interview, se défendre face à la presse, comme hier matin sur RTL. « Je ne commente pas les affaires de justice en général, et pas la mienne depuis 3 ans en particulier, a expliqué Gérald Darmanin. Je constate simplement qu’il y a eu trois décisions de justice, deux enquêtes préliminaires classées sans suite et un non-lieu rendu par deux juges d’instruction. Il y a eu trois décisions de justice en trois ans qui me sont favorables. Cependant, comme tout citoyen de notre pays, et encore plus que n’importe quel citoyen de notre pays, je suis à la disposition des magistrats », a prévenu Gérald Darmanin, qui explique n’avoir « évidemment » rien à se reprocher.

Reste aussi que le Premier ministre lui-même a dû défendre son choix. Invité mercredi matin sur RMC/BFMTV, il a indiqué qu’il « assume totalement », assurant qu’il n’y avait pas « le moindre doute, la moindre interrogation » sur la culpabilité du ministre de l’Intérieur. « Il y a déjà eu, sur ces mêmes faits, des actes d’instruction qui ont été clairement des actes de rejet », a affirmé le nouveau locataire de Matignon. Mais quelle que soit la suite donnée à cette affaire, elle aura bel et bien gâché les premiers pas du nouveau gouvernement de façon irréversible.

Christelle Bertrand
Source : La Dépêche
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