Véhicule incendié : face à la colère des policiers, le parquet fait appel des remises en liberté

Véhicule incendié : face à la colère des policiers, le parquet fait appel des remises en liberté

Le véhicule a été attaqué par plusieurs manifestants quai de Valmy, Paris le 18 mai 2016. ((L’OBS))

Le parquet a décidé de faire appel de la remise en liberté de trois des quatre individus mis en examen après l’incendie d’un véhicule de police le 18 mai à Paris.

Le parquet de Paris a fait appel mercredi 25 mai des remises en liberté sous contrôle judiciaire de trois des quatre personnes mises en examen dans l’enquête sur des violences contre la police, dont l’incendie d’un véhicule où se trouvaient deux agents en marge d’une manifestation contre la loi Travail le 18 mai à Paris.

Des vidéos de l’attaque montrent une personne brisant la fenêtre côté conducteur, puis une autre frappant le policier assis. Un autre homme casse la vitre arrière à l’aide d’un plot métallique puis un autre lance un fumigène allumé dans la voiture, provoquant l’embrasement du véhicule.

Les quatre suspects, dont trois étudiants, âgés de 18 à 32 ans, ont tous été mis en examen samedi, notamment pour tentative de meurtre. La remise en liberté de trois d’entre eux avait provoqué l’incompréhension et la colère de plusieurs syndicats de police.

Tout sauf une surprise

L’appel du parquet était attendu. Le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas – invité ce mercredi de l’émission « les quatre vérités » sur France 2 – avait prévenu que le parquet allait « examiner avec attention » les motivations du juge qui a décidé la remise en liberté sous contrôle judiciaire ».

« Vous avez vu les images, le sang-froid de ce policier et chacun a loué sa bravoure et l’image qu’il a donnée de la police à ce moment-là. Vous avez vu l’agresseur mais vous n’avez pas vu son visage », a souligné Jean-Jacques Urvoas.

« Le juge des libertés et de la détention (JLD) est le juge qui doit contrôler parce qu’on ne décide pas comme cela de mettre quelqu’un en prison. Il faut un contre-pouvoir à l’intérieur de la magistrature qui puisse s’assurer que le dossier est solide », a rappelé le garde des Sceaux.

« Ce JLD, sur un dossier qu’on ne connaît pas, a estimé que les éléments en sa disposition ne permettaient pas de le mettre en prison », a-t-il constaté.

« Cela ne veut pas dire qu’il est libéré. Il est sous contrôle judiciaire. Il est mis en examen sur des infractions extrêmement graves dont la peine encourue est la perpétuité avec une possibilité de demander une mesure de sûreté, c’est à dire qu’il ne sortirait pas pendant 30 ans. On peut comprendre qu’au regard de ce qu’il risque, les éléments du dossier doivent être suffisamment avérés. Le JLD a considéré que ce n’était pas le cas », a expliqué le ministre.

Colère des syndicats

La remise en liberté trois des quatre individus interpellés avait été très mal accueillie par les policiers. D’autant qu’une autre décision de justice était déjà vertement critiquée dans ce dossier : lundi 21 mars, un des mises en examen avait bénéficié d’une suspension d’interdiction de manifester décidée par le tribunal administratif de Paris.

« Cette décision est incompréhensible pour l’ensemble des policiers et au-delà je pense pour les citoyens », a réagi Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat de police Alliance. Il évoque un signal « désastreux » au sujet des trois remises en liberté :

« On a tous vu ces images de violences avec des individus déterminés… Le message envoyé pour trois d’entre eux n’est pas bon pour tous ceux qui souhaiteraient encore s’attaquer aux policiers. »

De son côté, Synergie (second syndicat d’officiers) s’était déclaré, par la voix de son secrétaire général Patrice Ribeiro, »scandalisé », s’interrogeant  » par ailleurs « sur la succession de décisions de justice, administratives ou pénale, favorables à des agresseurs de policiers ».

Elles « peuvent laisser planer le doute quant à la neutralité des magistrats dans le cadre des conflits politiques qui ébranlent notre pays », a estimé Patrice  Ribeiro.

Interpellés après le témoignage… d’un policier

Selon une source proche de l’enquête, aucun des quatre mis en examen, dont deux frères, n’est à ce stade soupçonné d’être celui qui a lancé le fumigène à l’origine de l’incendie du véhicule, mais les enquêteurs pensent que l’un d’eux est celui qui a brisé la vitre arrière de la voiture de police.

Ce dernier figure parmi les trois remis en liberté mardi sous contrôle judiciaire.

Les suspects n’avaient pas été interpellés sur place mais identifiés après les incidents, grâce à un témoignage anonyme, qui s’est avéré être celui d’un policier infiltré sur place, son nom apparaissant sur un procès-verbal par erreur, ont expliqué des sources proches du dossier.

« Ce dossier est une farce honteuse », s’était insurgé samedi Me Antoine Comte, l’avocat du plus âgé des quatre mis en examen. « Il n’y a rien, sauf un témoignage anonyme qui s’avère être celui d’un policier », a-il ajouté.

Source : L’Obs

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