Suicides dans la police : un « appel à la convivialité » qui passe mal

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La direction de la police nationale insiste particulièrement sur la nécessité de briser l’isolement dont sont victimes les fonctionnaires les plus fragiles (Photo d’illustration).

AFP/Bertrand Langlois

Face au malaise des forces de l’ordre, le directeur de la police nationale invite à organiser « barbecue, sortie sportive ou pique-nique » dans une note révélée par Franceinfo.

Promouvoir la convivialité, une nouvelle piste pour limiter le nombre de suicides dans la police ? L’idée, qui a fait l’objet d’une note interne diffusée en début de semaine, laisse perplexe… notamment dans les rangs des policiers.

Briser l’isolement, une priorité

Adressée le 27 mai à tous les directeurs de services par Éric Morvan, directeur de la police nationale, cette note, révélée jeudi par Franceinfo, appelle à une forte « mobilisation contre le suicide ». On y encourage en outre les cadres à « organiser des temps collectifs de loisirs autour d’un barbecue, d’une sortie sportive ou d’un pique-nique » avec les familles des policiers.

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Alors que le nombre de représentants des forces de l’ordre qui se sont suicidés a dépassé la barre des 30 victimes (fin mai, 31 officiers de police ont mis fin à leurs jours), la direction de la police nationale insiste particulièrement sur la nécessité de briser l’isolement dont sont victimes les fonctionnaires les plus fragiles.

Ainsi, la résolution d’une belle affaire, une promotion ou encore un départ à la retraite méritent d’être célébrés « dans un cadre convivial », pour marquer « les étapes de la vie professionnelle et la reconnaissance du travail accompli », écrit Éric Morvan.

Des outils… et des questions

De la même façon, « les remises de décorations » doivent aussi se faire dans « un cadre cérémoniel », ce genre de distinctions ne peut en aucun cas « faire l’objet d’une remise impersonnelle », insiste-t-il.

Il rappelle en outre que « R@dio police », un réseau social mis en place récemment dans un intranet dédié et réservé aux fonctionnaires, peut aussi leur permettre d’échanger et de discuter sans tabous.

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Ces préconisations ne semblent toutefois pas convaincre les représentants des forces de l’ordre. Notamment le secrétaire général du syndicat Unité SGP Police FO, Yves Lefèvre.

Ce dernier salue certes ces mesures, au micro de Franceinfo, mais il assure que ce dont a besoin un policier aujourd’hui, c’est « d’un week-end sur deux de repos et pas un week-end sur six. Il aura le temps, à ce moment, de pique-niquer en famille. Le flic a besoin de retrouver du sens à son métier ».

Pour l’Unité SGP Police FO, il faut « arracher le mal à la racine »

Selon la même source, le directeur de la police nationale « a une volonté peut-être de mieux faire mais il faut analyser le mal à la racine et permettre aux flics d’être resocialisés et d’être protégés ». L’épineux dossier des suicides de policiers est particulièrement délicat à traiter, alors que les épisodes de tensions avec les forces de l’ordre se sont multipliés au fil des mois avec la succession de manifestations de gilets jaunes.

Les inspections générales de la police (IGPN) et de la gendarmerie (IGGN) ont été saisies de 209 enquêtes portant sur des soupçons de violences policières lors de manifestations des gilets jaunes. La seule police des polices s’occupe de 199 d’entre elles, a affirmé début avril Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur.

Source : L’Express

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