Suicides dans la police et la gendarmerie : Gérard Collomb reçoit les syndicats en urgence

Depuis le début de l’année 2017, 46 policiers et 16 gendarmes se sont déjà donné la mort
Depuis le début de l’année 2017, 46 policiers et 16 gendarmes se sont déjà donné la mort – Martin Bertrand / Hans Lucas
Pour endiguer la hausse brutale des suicides de policiers et de gendarmes, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb reçoit en urgence ce vendredi 24 novembre les syndicats.

Six suicides en une semaine chez les forces de l’ordre. La série noire s’est produite en ce début novembre, lorsque cinq policiers et un militaire ont mis volontairement fin à leurs jours. Parmi eux, le commissaire Antoine Boutonnet, ex-chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, retrouvé mort dans son bureau de la gendarmerie nationale. Face à cette accélération brutale du nombre de drames, le ministre de l’Intérieur s’est saisi en urgence du problème. Gérard Collomb reçoit en effet ce vendredi 24 novembre les organisations syndicales, auxquelles il doit faire des propositions.

Pour cela, le ministre a demandé aux directeurs de la police nationale, de la gendarmerie et de la sécurité intérieure de lui présenter une évaluation des mesures mises en œuvre pour prévenir le suicide. Tout en rappelant, dans un communiqué publié le 12 novembre, le récent renforcement déjà effectué des dispositifs de détection et de prise en charge. « Recrutement de psychologues, redynamisation des cellules de veille ou encore la formation des cadres » apparaissent toutefois insuffisants pour endiguer le phénomène.

Selon les chiffres officiels, depuis le début de l’année 2017, 46 policiers et 16 gendarmes se sont effectivement donné la mort. C’est trois fois plus que sur l’année 2016, précise France Bleu. Et d’ajouter que dans 50% des cas, les policiers se tuent avec leur arme de service, essentiellement en Ile-de-France, la région la plus touchée. Les syndicats attendent donc beaucoup de Gérard Collomb.

Ils dénoncent tour à tour dans la presse le surmenage, le management « déplorable », le manque de considération, les mauvaises conditions de travail, « l’usure professionnelle », la « désocialisation » ou encore la politique du chiffre. Un cocktail dangereux illustré entre autres par le manque systématique de temps de repos accordés aux effectifs.

« Actuellement la plupart des policiers travaillent cinq week-ends sur six. Nous estimons qu’il faut un week-end de repos sur deux. Mais l’administration freine, car cela pose de gros soucis d’organisation dans une période où les policiers sont très sollicités », a ainsi expliqué à France Bleu Louis-Guy Dubois, délégué national aux conditions de travail à l’Unité SGP Police Force Ouvrière.

« On peut très vite passer à l’acte », résume en somme sur Franceinfo Denis, gendarme depuis 19 ans, qui essaie de se reconstruire après une séparation douloureuse. En arrêt de travail, le premier de sa vie, le jeune père de 44 ans a eu des idées noires, il pensait pouvoir grâce au suicide « soulager tout le monde ». Mais le militaire est parvenu à se raisonner et tente de se soigner. Tout comme Aurélie, brigadier de police qui a accepté de raconter son histoire à France Inter. Seule dans les vestiaires, dans une pièce « tout en haut du commissariat », elle approche son arme de service de son visage suite au harcèlement d’un supérieur hiérarchique, lorsqu’un collègue arrive à temps pour la « sauver ».

Après un pic en 2014 – à l’époque 55 policiers, contre 40 en moyenne chaque année, et une trentaine de gendarmes ont mis fin à leurs jours -, le nombre de suicides parmi les forces de l’ordre a baissé en 2015 et 2016. Avant de repartir de nouveau à la hausse cette année…

Source : Marianne

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