Suicides chez les policiers : 2017 s’annonce comme une année noire

Depuis janvier, 47 policiers et 16 gendarmes se sont suicidés.

LP/MARINE LEGRAND

En une semaine, huit policiers et deux gendarmes ont mis fin à leurs jours la semaine dernière. Le chiffre des suicides pourrait être très lourd en 2017.

Une semaine noire, avec un dimanche particulièrement tragique au cours duquel cinq policiers se sont suicidés. Le commissaire Antoine Boutonnet, ancien responsable de la lutte contre le hooliganisme, s’est tué avec son arme de service dans les locaux de la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN). Un capitaine de 45 ans du commissariat d’Alfortville (Val-de-Marne) s’est pendu dans le bois de Vincennes. Trois gardiens de la paix dont deux femmes ont mis fin à leurs jours. La première, âgée de 32 ans, agent de la police aux frontières (PAF), a été découverte pendue dans un centre de rétention, la seconde s’est tuée avec un fusil de chasse dans un bois.

Un stress dont les policiers ont du mal à parler

Depuis le début de l’année, 47 policiers et 16 gendarmes ont mis fin à leurs jours. Ce qui annonce une forte augmentation pour l’année 2017. En effet, le chiffre de 2016 a été dépassé depuis fin septembre. Après un pic en 2014, où 55 policiers — contre 43 en moyenne ces dix dernières années — et une trentaine de gendarmes s’étaient suicidés. Les chiffres avaient décru en 2015 et 2016 sans que l’on sache si cette diminution était le résultat de l’intense activité opérationnelle due à la menace terroriste ou le fruit du plan antisuicide mis en place par l’ex-ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

 

Nous avons pu prendre connaissance de la synthèse des suicides enregistrés depuis le début de l’année au sein de la police nationale. Elle confirme notamment que la grande majorité des fonctionnaires se sont donné la mort avec leur arme de service. « L’autorisation de pouvoir prendre son arme chez soi en raison de la menace d’attentats a pu être un élément facilitateur », souligne une source autorisée.

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L’hécatombe de ce week-end constitue un sujet hautement sensible pour la Place Beauvau au moment où celle-ci lance une campagne de recrutement et élabore sa fameuse « police du quotidien ». Certes l’automne est en général une période propice aux suicides, et la police n’est pas la profession la plus touchée. Aujourd’hui un agriculteur se suicide tous les deux jours en France. Il n’en demeure pas moins que le phénomène est récurrent. Si ces suicides ont presque toujours des causes personnelles, en premier lieu un divorce ou une séparation, on ne peut écarter le lien avec le milieu professionnel.

« La problématique du suicide est multifonctionnelle mais les mauvaises conditions de travail, le manque de considération, un management parfois trop rude sont des réalités que l’on ne peut exclure. Les problèmes professionnels font souvent exploser la sphère privée », explique Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat Alliance.

Le métier est générateur d’éloignement familial, de désocialisation, et surtout de stress. Un sentiment dont on a encore beaucoup de mal à parler dans la police, entre soi comme aux psychologues, accaparés aujourd’hui par le suivi post-traumatique lié aux attentats.

Source : Le Parisien

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