Suicide dans la police : la lettre-testament du garde du corps de Muriel Pénicaud à Gérard Collomb

Le 5 décembre, le major de police Xavier T. se suicidait après avoir dénoncé les agissements de sa hiérarchie dans une lettre au ministre de l’Intérieur.

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Avant de mettre fin à ses jours, le 5 décembre, devant la gendarmerie de Rozay-en-Brie (77), le major de police Xavier T., 50 ans, qui assurait la protection de Muriel Pénicaud, ministre du Travail, a écrit au ministre de l’Intérieur.

« Monsieur le Ministre,

Je vous fais part du malaise des policiers et plus particulièrement au sein du SDPP (la sous-direction de la protection des personnes qui au sein de l’ex-SPHP assure, entre autres, la sécurité des personnalités gouvernementales, NDLR). Depuis 2012, le service n’a cessé de se dégrader, où le côté humain n’est plus pris en compte. Oui, nous ne sommes plus que des matricules, corvéables à merci ou plutôt à disposition de notre haute hiérarchie qui ne pense qu’à ses privilèges et à se servir en premier.

Lors des attentats de Charlie Hebdo, nous avons perdu un VIP (une personnalité protégée en jargon du service, NDLR) et surtout un collègue qui avait fait remonter des informations sur le risque, de plus en plus accru, d’attentat. Onze mois plus tard, notre directeur touchait une prime au mérite qui représente deux ou trois ans de salaires des fonctionnaires à son service. C’est ça, la reconnaissance. Pendant ce temps, les effectifs travaillaient plus à vingt à trente jours ininterrompus.

Je vous laisse seul juge de la situation. (…)

Je vous remercie de m’avoir lu et vous présente mes respects. »

Un service réformé à marche forcée

Saisi d’une enquête sur les causes de la mort, le parquet de Meaux a conclu que le suicide avait été causé pour des raisons personnelles et en second plan à « des problèmes rencontrés dans le cadre de sa profession ».

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Depuis 2012, Frédéric Auréal, directeur du SPHP transformé sous sa houlette en service de la protection (SDLP), est critiqué notamment par les organisations syndicales représentatives pour avoir réformé son service à marche forcée. Non pas, selon elles, pour gagner en efficacité, mais pour réaliser des économies à la demande du ministère de l’Intérieur et de Bercy. Il lui est également reproché d’accorder trop facilement des protections – cédant aux pressions politiques –, augmentant ainsi le nombre des missions des policiers du SDLP, qui se disent épuisés.

Frédéric Auréal a toujours bénéficié du soutien des occupants successifs de la Place Beauvau. L’actuel directeur général de la police nationale, le préfet Éric Morvan, a écrit au Point le 18 avril pour exprimer le « dégoût » que lui inspire la mise en cause d’un « haut fonctionnaire qui a toute [sa] confiance ».

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