Street Art EXCLUSIF : L’équipe de graffeurs revient sur sa performance avec une vidéo spectaculaire (et le texte intégral de leur revendication) ! #MariannePleure

Après leur opération remarquée et maintenant adoubés par Shepard Fairey himself, les graffeurs ont partagé aujourd’hui une vidéo. Elle mêle images de leur action et d’actualité, sur une bande son entêtante accompagnée de la lecture d’extraits de leur texte de revendication. Nous partageons aussi ce manifeste, reproduit tel que nous l’avons reçu lundi matin. C’est à lire et visionner avec ce rappel d’Obey pour guide : « Si certains sont en désaccord avec le détournement de l’œuvre Liberté, Égalité, Fraternité parce qu’ils ne sont pas d’accord avec les auteurs, alors ma réponse est claire : je ne suis pas prêt à la leur donner et vous ne devriez pas l’être non plus. »

Lien de la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=W5Tp-poy8ss

Le texte intégral du manifeste « LREM-NRV »

La République Est Morte

Ouvrez-donc les yeux, on le voit comme une larme rouge au milieu de la peinture : la république est morte. Qu’elle crève, et enterrez-vous avec. Donnez donc en pâture aux vers de terre votre liberté sous surveillance, votre égalité a taux variable et votre solidarité d’entre bourgeois.

Qui veut encore du Pouvoir ? Voila ce qu’il produit, a chaque fois. L’ordre, c’est le chaos. Ah qu’il est beau le pays des droits de l’homme, ah qu’elle est belle la démocratie, vous reprendrez bien un petit coup de valeurs républicaines dans la gueule ? Vous dérobez les mots brillants cachés derrière les vitrines de nos espoirs pour les remplacer par des signifiants creux, de la camelote lustrée, incrustée d’émeraudes réactionnaires en plastique. Liberté, Égalité, Solidarité, toujours. Parlons de réel, même s’il vous terrifie.

C’est quoi votre Liberté ? Le mythe méritocrate ? Vous nous dites que si les enfants d’ouvrier·e·s ou d’immigré·e·s sont statistiquement bien moins représenté·e·s dans vos grandes écoles, les fabriques a débiles, puis a des postes bien payés, c’est de leur faute ? Que la reproduction sociale, ça n’existe pas ? Votre Liberté ne supporte pas l’Égalité. Évidemment que tout le monde est libre de faire tout et n’importe quoi ! Il n’empêche que pour se dorer la raie dans des 5 étoiles de beaufs tous les étés, les riches sont plus libres que les pauvres. Il n’empêche que pour esquiver les coups arbitraires d’une police sadique, les blanc·he·s sont plus libres que les noir·e·s. Il n’empêche que pour marcher en paix dans la rue, les hommes sont plus libres que les femmes.

C’est quoi votre Égalité ? Vous, les éternel·le·s criminel·le·s impuni·e·s, qui écrasez sous le poids de la misère des milliards d’individus, vous osez prononcer le mot « égalité » sans trembler ? Vous tremblerez. Qui est l’égal de son patron ? De son président ? De son dieu ? Vous qui adorez la hiérarchie autant que vous méprisez les pauvres, ne prononcez plus jamais le nom de la sœur de la Liberté. Chacun de vos votes, chacun de vos ordres, chacun de vos procès est un nouveau coup de poignard dans le cœur de celles que vous prétendez aimer. Vous êtes les maris violents des valeurs que vous prétendez défendre.

C’est quoi votre Solidarité ? Vous ne vous sentez solidaires que des bourgeois arrogants et stupides, vous, les véritables communautaristes, qui parlez de « fraternité » . Votre empathie se branle devant du riot porn. Vous les inutiles, vous les incapables de produire la moindre richesse ni la moindre pensée, vous qui avez tout sauf de la dignité, sachez que chacune de vos nuits paisibles est une insulte a la Solidarité. Les gavé·e·s sont affamé·e·s et ils affament le monde.

Artaud vous cracherait que vos signifiants creux ne sentent même pas la merde, puisque « la ou ça sent la merde, ça sent l’être ». Ils puent le propre, le blanchi, la lessive libérale qui vous sert de liquide céphalo-rachidien. Vous ne comprenez rien et vous refusez de comprendre. La science, la raison et les faits, vous n’en avez rien a foutre. Vous vous en lavez les mains.

Flagellez-nous a coup de tonfa d’avoir trop prié un monde meilleur, nous ne courberons pas l’échine. Muselez nos universitaires, brûlez leurs idées dans votre grand autodafé de la pensée, nous les réécrirons, nous les martèlerons jusqu’a vous les tatouer sur la gueule. Acculez encore ceux qui n’ont rien, nos exilé·e·s, nos prostitué·e·s, nos exproprié·e·s : a chaque fois que vous frappez, vous ouvrez un peu plus nos yeux larmoyants et rouges de gaz lacrymogènes. Agitez vos drones, zappez entre vos caméras, la seule chose que vous verrez c’est nos majeurs depuis les toits de la ville, de la peinture plein les fringues.

Source : Hiya.fr

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