Steve Bannon: « Les gilets jaunes inspirent le monde entier »

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L’ex-conseiller du président américain Trump Steve Bannon le 22 mai 2018 à Prague

afp.com/Michal Cizek

L’ex-conseiller de Trump étrille Emmanuel Macron, chante les louanges des gilets jaunes et prédit un séisme électoral pour les européennes en mai.

Artisan de la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine avant de devenir son conseiller à la Maison-Blanche puis d’être limogé, Steve Bannon se consacre aujourd’hui à une offensive sur l’Europe. A la tête de la fondation The Movement, créée en 2017 et dotée d’une antenne à Bruxelles, l’Américain se voit en grand sorcier du populisme de droite, au coeur d’un réseau international incluant Marine Le Pen et Marion Maréchal, en France, Matteo Salvini, en Italie, Viktor Orban en Hongrie ou encore Jair Bolsonaro, au Brésil.

Après une tournée sur le Vieux Continent en 2018 pour rendre visite aux leaders européens, l’ancien patron de Breitbart News, le média de la droite dure américaine, projette de revenir très bientôt -fin février, début mars- sur le sol européen. Objectif : poursuivre son oeuvre d’agit-prop dans la perspective des élections européennes, fin mai.

Il s’agira d’un chapitre supplémentaire dans une biographie déjà bien nourrie. Officier de l’U.S. Navy, puis banquier d’affaires chez Goldman Sachs, et enfin producteur de cinéma à Hollywood, Bannon s’est vraiment lancé en politique voilà une décennie, à l’époque du mouvement anti-Etat Tea Party, dont il fut l’un des animateurs.

Voilà quelques jours, le sulfureux agitateur a donné une interview exclusive à L’Express à retrouver en intégralité dans le magazine ou en accès abonnés.

L’EXPRESS. Que vous inspirent les gilets jaunes, en France ?

Steve Bannon : Je ne suis pas surpris. Pas du tout. Ce qui se passe était écrit d’avance. Depuis le début, j’ai le sentiment que son mouvement, La République en marche, est nébuleux, sans vrai soutien populaire. La colère des gilets jaunes s’explique en partie par la rhétorique de Macron sur le réchauffement climatique qui est une arnaque.

A quoi faites-vous allusion ?

L’accord de Paris sur le climat consiste à faire payer les Français – et d’autres – pour la pollution produite par la Chine, qui balance du carbone dans l’atmosphère tout en pratiquant un dumping social illimité. Or ce sont les gens du « parti de Davos », dont Macron est l’ambassadeur, qui ont choisi de désindustrialiser le monde occidental pour délocaliser les emplois industriels en Chine. Et cela afin d’augmenter leurs marges financières. Les gilets jaunes comprennent cela très bien. Et voici que Macron leur explique qu’ils doivent acquitter la facture de la pollution chinoise au moyen de la taxe carbone.

Cela justifie-t-il les grèves, le vandalisme, la violence ?

Les gilets jaunes n’ont peut-être pas fait Sciences po ou l’ENA, ils ne sont peut-être pas diplômés de la Sorbonne. Mais ce sont des êtres humains rationnels. Ils sont donc assez malins pour comprendre qu’ils se font avoir. Aujourd’hui, ces perdants de la mondialisation, paupérisés comme jamais, se réveillent et crient : « Stop ! » La beauté de leur action est qu’elle réunit des gens de droite comme de gauche. Au pays de la Révolution française, le mouvement des gilets jaunes mène la mère des batailles. Ils sont une inspiration pour le monde entier.

Selon vous, quelles seront les conséquences ?

Les premiers résultats sont déjà là. Le vrai visage de Macron est apparu au grand jour lors de son allocution télévisée après la grande manifestation des Champs-Elysées. On voyait bien qu’il était déstabilisé. Il n’a même pas eu le cran de s’adresser aux Français dans les yeux, en direct. Les gilets jaunes ont donc remporté le premier round contre les élites. Maintenant, Macron se rend en province pour servir la soupe aux Français. C’est un classique des moments révolutionnaires. Bien sûr, c’est contraint et forcé. Ça m’étonnerait que la France rurale l’amuse… Il préfère mille fois des cénacles comme le Forum économique mondial, à Davos.

Pourquoi tant d’agressivité envers le président français ?

Parce que c’est un pantin. Il est hors sol. Sous son costume, il n’y a rien. Je connais bien ce genre de profil : j’ai connu plein de banquiers d’affaires chez Goldman Sachs, dans les années 1980. Ces types-là voient les choses de loin, de manière abstraite. Pour eux, rien n’est jamais concret ou réel. A leurs yeux, un plan social avec 5 000 suppressions de postes, c’est une présentation PowerPoint pour [le cabinet de conseil] McKinsey. Rien d’autre. Ils ne comprennent pas comment vivent les gens, ne savent pas à quoi ressemble une fin de mois difficile.

Source : L’Express

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