Retraites : « Les pompiers poursuivent le mouvement jusqu’au retrait du projet de loi »

c829e88d40d7f4f11b0328750eaf8dDes mois de mobilisations, de grèves et les pompiers ont obtenu des avancées dans leurs négociations avec le ministère de l’Intérieur. Mais sur le dossier des retraites, ils ne font pas exception : ils sont contre.

Alain Darmey est sapeur-pompier professionnel en Vendée, membre de la CGT des SDIS (Services départementaux d’incendies et de secours).

 

Regards. Hier, mardi 28 janvier, vous manifestiez encore à Paris. Une manifestation très tendue. Pourquoi étiez-vous dans la rue ?

Alain Darmey. En mars 2019, on a remis nos revendications au ministre de l’Intérieur. Au départ, il nous a pris de haut et ne nous a pas répondu. S’en est suivi un préavis de grève qui a commencé en juin 2019. Nos demandes portaient principalement sur la santé et la sécurité des sapeurs-pompiers : une meilleure reconnaissance des risques des fumées et des agressions sur notre santé – qu’on ne soit pas obligé de se battre contre nos employeurs pour faire reconnaître nos pathologies pulmonaires par exemple. Le ministre a ouvert des chantiers, mais ça se passe dans le temps long. On demandait également la renégociation de notre indemnité de feu. Les négociations ont duré longtemps avec le ministère et les collectivités locales. Le premier prescrit, les deuxièmes payent. Augmenter cette prime, c’est reconnaître les risques que l’on prend.

Il aura fallu sept mois de mobilisation pour que le gouvernement réponde favorablement à vos revendications. L’intersyndicale a voté la fin de la grève. Malgré cela, restez-vous mobilisés contre la réforme des retraites ?

Nos revendications sont entrées en collision avec la réforme des retraites. On nous donne d’un côté, mais si c’est pour nous reprendre de l’autre… Sur la retraite (contrairement à ce qu’on dit), les pompiers n’ont pas eu gain de cause. On veut nous inscrire dans la catégorie des métiers soumis à risques, avec une possibilité de départ à partir de 57 ans. Or, ça, on l’avait déjà. Il n’y a pas de nouveauté, si ce n’est l’âge pivot qui s’appliquera aussi aux sapeurs-pompiers. Si on part avant 59 ou 60 ans, on aura une décote. Si les sept syndicats qui composent l’intersyndicale ont appelé à suspendre la grève, la CGT prépare un nouveau préavis de grève dans le cadre de la réforme des retraites, et nous poursuivrons le mouvement jusqu’au retrait du projet de loi. Je pense que FO, la Fédération autonome, la CFE-CGC et l’Unsa peuvent suivre.

« Notre ennemi, c’est pas la police ! »

« C’est par le dialogue, jamais par la violence, que nous avançons ensemble », a déclaré Christophe Castaner. Pourtant, de la violence, vous en avez subi hier encore de la part des forces de l’ordre. Un pompier a même reçu un tir de LBD en pleine tête. Qu’en dites-vous ?

Forcément, quand deux corporations comme celles-ci se retrouvent dans la rue, ça frotte. S’il y a de la violence, elle n’est pas extrême, il faut relativiser. Peut-être qu’on la subit moins parce qu’on est mieux équipé aussi. Mais on n’a pas de colère contre les policiers, on travaille tous les jours avec eux. Il y a une espèce de fraternité entre pompiers et forces de l’ordre. Notre ennemi, c’est pas la police ! Par contre, on avait une autorisation jusqu’à 18h place de la Nation et ils nous ont mis dehors dès 17h15, en nous disant qu’on a marché trop vite, qu’on est arrivé trop tôt… Ce qui fait qu’on n’a pas pu faire nos prises de paroles, expliquer les avancées, et ça a contribué à faire chauffer l’ambiance en fin de manif’.

Propos recueillis par Loïc Le Clerc

Source : Regards.fr

 

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