Région : la gendarmerie joue la carte du contact et des outils numériques

1632383_140_data-art-106754385_667x333Le général est le patron des gendarmes de l’Hérault et le numéro 2 en Occitanie.

VINCENT PEREIRA

L e général Jean-Valéry Lettermann précise la nouvelle politique de sécurité du quotidien. Entretien…

Que change la police de sécurité du quotidien (PSQ) pour la gendarmerie en Occitanie ?

C’est avant tout un nouvel état d’esprit, un nouvel élan centré sur la proximité et le contact. On reprend notre ADN qui est très territorial. Dans chaque compagnie, les commandants vont agir d’une manière adaptée à leur territoire : la PSQ ne sera pas la même à Castelnau-le-Lez et à Castelnaudary. Ils vont utiliser les moyens mis à leur disposition pour avoir plus de contact avec la population et les élus, par exemple en réunissant leurs maires une fois par semestre, pour échanger de façon plus étroite.

Que sont ces “brigades territoriales de contact” qu’on crée dans l’Aude, l’Aveyron et le Gard ?

Ce sont des unités de petite taille en zone rurale qu’on va décharger d’autres tâches plus administratives pour qu’elles se consacrent au contact. L’idée, c’est de prendre du temps là où on n’en prenait plus, de passer quatre heures en patrouille pour aller au contact de la population. On a commencé ces expérimentations depuis plusieurs mois, à Belcaire (Aude), Cornillon (Gard) et Barre-des-Cévennes (Lozère). Ca a très bien marché dans le Gard et l’Aude, et ça n’a pas aussi bien fonctionné en Lozère, car c’était une petite unité qui faisait déjà beaucoup de contact : il n’y a pas eu de plus value. On va donc pérenniser sur Belcaire et Cornillon, et tenter Saint-André-de-Valborgne, en rural, et Nîmes, une unité sur un secteur périurbain. On se donne le droit d’expérimenter et de revenir en arrière si ça ne marche pas.

Quels sont les retours attendus ?

On attend que la population se sente rassurée, en voyant les gendarmes de retour sur leur territoire. La gendarmerie n’est pas un service public qui s’éloigne.

Au-delà, quels sont les moyens pour cette nouvelle politique ?

20 départements en France ont été identifiés comme devant être mieux accompagnés, dont l’Hérault et le Gard. Il y aura sur la durée du quinquennat 25 gendarmes supplémentaires dans chacun de ces départements. On n’a pas encore de date pour leur arrivée, mais on est sûrs qu’ils vont être mis en place, et ils vont bien nous aider.

On aura en plus les renforts supplémentaires habituels liés à l’augmentation de la population. Les autres moyens sont matériels, avec la tablette ou le téléphone Neogend, qui permettent de se connecter directement aux fichiers. Tous les gendarmes ici en sont désormais équipés : c’est un gain de temps et de crédibilité.

La gendarmerie va-t-elle utiliser d’autres outils numériques ?

Oui. On va avoir des méthodes 3.0 là où existaient des standards un peu datés. Nous mettons en place en mars la main courante informatisée. Jusqu’ici il n’y avait pas de main courante en gendarmerie : c’était soit une plainte, soit un PV de renseignement judiciaire ou administratif. Ce nouvel outil va permettre de garder trace d’événements qui sont importants dans la vie quotidienne des gens.

De même sera opérationnelle avant l’été la brigade numérique : une brigade de gendarmerie virtuelle, qui va permettre de déclarer un certain nombre d’infractions ou d’effectuer des démarches en ligne, sans avoir à se déplacer et à faire la queue. L’effet de tout cela sera double : la population va avoir une plus-value et le gendarme va pouvoir se consacrer plus facilement aux attentes de la PSQ.

Ces mesures et ces discours ne sont-ils pas des cache-misère, alors que la délinquance continue de flamber ? Les cambriolages sont en hausse de 6 % dans l’Hérault, les vols de voiture de près de 10 %..

Tout d’abord, il n’y a pas de flambée : tous délits confondus, les atteintes aux biens sont en hausse de moins de 1 % dans l’Hérault en 2017. Cela traduit une augmentation de la population, et de l’activité générale, et c’est une tendance nationale.

C’est vrai que les cambriolages restent ce qui empoisonne la vie de nos concitoyens. Mais la PSQ, ce n’est pas un cache-misère. Cela montre qu’on ne subit pas, qu’on essaye de nouvelles solutions adaptées aux réalités locales. Ne pas subir, se réinventer, réfléchir ensemble avec les acteurs des territoires : tout ça va enclencher un cercle vertueux.

Vous venez d’être promu général. Une consécration ?

Ca me fait plaisir pour la gendarmerie dans ce territoire. Au bout de six mois, je trouve que la gendarmerie ici marche plutôt bien. Les gens sont au boulot, investis, les partenariats marchent bien. C’est une belle mécanique.

Source : Midi Libre

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