Pourquoi l’Afrique est-elle épargnée ?

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« Une pandémie, je ne sais pas ce que c’est, ça n’existe pas ». Cette phrase a presque un an et elle a été prononcée par l’infectiologue Didier Raoult. Bien sûr, les détracteurs du célèbre professeur ne se privent pas de le brocarder en soulignant que cette sentence a été copieusement démentie par les faits. L’épidémie serait effectivement mondiale, répandue partout (sens du préfixe « pan ») et frapperait tous les coins de la planète sans distinction. Or c’est cette affirmation qui est fausse et ne correspond pas à la réalité : sur le continent africain, la grippe covid est tellement discrète qu’elle y passe complètement inaperçue ! Entre les tropiques, l’Afrique noire est même épargnée au point que certains observateurs parlent de « mystère » ou de « miracle » africain. Par exemple, la République Démocratique du Congo ne comptabilise que 600 décès pour une population de 90 millions d’habitants, soit une mortalité de 0,0007% pour l’ensemble du pays. À l’exception de l’Afrique du Sud et des pays d’Afrique du Nord, tous les pays africains figurent en fin du sinistre classement des morts lorsqu’on rapporte leur nombre à celui des vivants. Et même sans procéder à cette pondération, la première nation africaine subtropicale (l’Éthiopie) ne pointe qu’à la 70ème place du hit-parade macabre avec ses 1963 victimes répertoriées. L’Afrique échappe largement au fléau alors que les seuls pays occidentaux (Europe et Amérique du Nord) comptabilisent 70% des trépassés ! L’OMS avait pourtant prédit le pire au continent noir. Et les prophètes de l’apocalypse avaient rivalisé de pronostics plus effroyables les uns que les autres, annonçant au minimum plusieurs millions de macchabées. Dans une interview datant du 10 avril, la « philanthrope » Melinda Gates prévoyait que l’Afrique serait si durement touchée que les cadavres traîneraient dans les rues sans être ramassés. Pourquoi donc cette pitoyable pythie et les experts (souvent à sa solde) se sont-ils trompés à ce point ?

Explications bidon

Pris en flagrant délit de divination foireuse, les épidémiologistes ont évidemment dégainé des alibis à leurs projections erronées. Pour les uns, les statistiques ne seraient pas parfaites (manque de tests, manque de données, manque d’hôpitaux…) et le bilan serait sous-estimé. Ils ne peuvent cependant citer un seul pays où les infrastructures de soin auraient été surchargées de malades. Pour les autres, la clé du « succès » de l’Afrique tient à la jeunesse de sa population (60% des habitants ont moins de 25 ans) et à la moindre incidence des principales comorbidités (diabète, obésité). Mais c’est un argument insuffisant puisque même les vieux obèses diabétiques d’Afrique n’ont pas rempli les cimetières. Pour d’autres scientifiques encore, l’énigme résiderait dans l’étendue du continent et donc à la faible densité de population. Cet argument est tout aussi caduc puisque même dans les pays très peuplés (Rwanda, Burundi…) et dans les mégapoles surpeuplées (Abidjan, Dakar…), le coronavirus n’a pas fait les ravages annoncés. Le lien entre population dense et flambées épidémiques est d’ailleurs un mythe pasteurien que ne corrobore pas la science : nulle part au monde les régions les plus populeuses n’ont été particulièrement touchées. Jusqu’à preuve du contraire, la promiscuité n’est pas un facteur aggravant de la mortalité attribuée au covid. Le ponpon des explications bidon, c’est le fait que beaucoup de pays africains ont copié l’Occident et ont adopté des mesures non-pharmaceutiques drastiques comme le confinement des bien-portants, la distanciation sociale et le verrouillage économique. Qui connaît un tant soit peu l’Afrique sait pourtant bien que ce genre de discipline n’a aucune chance d’être suivie avec rigueur. Et d’ailleurs, un pays comme la Tanzanie ne s’y est pas plié et a refusé d’appliquer le lockdown recommandé. Alors que son voisin d’Afrique du Sud l’a fait et déplore plus de 30 000 morts, les Tanzaniens n’ont enregistré que 25 « covidécédés » ! Ce miracle national dans un miracle continental démontre de façon éclatante que la dictature sanitaire n’a nullement enrayé la pseudo-pandémie et qu’elle en est au contraire le catalyseur, voire l’unique moteur. Dans les deux hémisphères, ce sont les pays les plus sévèrement confinés qui ont payé le plus lourd tribut.

Un effet Ivermectine ?

Plus sérieusement, les partisans du Dr Raoult ont invoqué une corrélation plus crédible : l’Afrique Noire est aussi la région du monde où sévit le plus cruellement la malaria et où, par conséquent, de nombreux individus se protègent au moyen de la chloroquine. La consommation courante du médicament antipaludéen aurait permis de minimiser les formes graves et mortelles de la maladie. Le problème, c’est que cette molécule n’a pas vraiment démontré son efficacité, quoi qu’en qu’en disent ses fervents supporters. Il y a bien des études qui plaident en sa faveur mais il y en a également d’autres, nombreuses et non falsifiées, qui n’aboutissent pas aux mêmes conclusions. Dans une vidéo incisive et instructive, les animateurs du site Osons Causer viennent de faire le point sur cette polémique et leur travail de vérification me semble assez implacable. Pour ma part, je n’ai jamais chanté les louanges de l’hydroxychloroquine et j’avais en son temps supputé que la réussite du « Protocole Raoult » reposait sur d’autres éléments trop négligés. Vous pouvez relire cette infolettre en cliquant ici. Quoi qu’il en soit, une autre explication médicamenteuse a surgi ces dernières semaines, à savoir les effets prodigieux de l’ivermectine. Mis en vedette par le pneumologue américain Pierre Kory, ce remède antiparasitaire fait en effet merveille dans le traitement du covid. Et certains travaux scientifiques de bonne facture vont jusqu’à lui trouver 100% d’efficacité prophylactique ou thérapeutique ! Partout où il a été abondamment utilisé (Asie, Amérique du Sud, Amérique du Nord…), les chiffres de létalité ont plongé jusqu’à devenir quasiment insignifiants. Décidément à l’affut des bonnes nouvelles, nos confrères de France Soir ont été les premiers à relayer cette fantastique découverte en interviewant le Dr Kory. Ici en Belgique, le virologue Marc Wathelet en préconisait déjà l’usage dès le printemps et il n’a malheureusement pas été écouté. En Afrique, par contre, l’ivermectine fait partie des médocs largement employés pour traiter les parasitoses. Et dès que la rumeur de son action sur le covid s’est répandue, beaucoup de pays (Sénégal et Nigéria entre autres) y ont massivement recouru. Incroyable mais vrai, l’Afrique du Sud a fait le chemin inverse et elle a interdit le médicament fin décembre. Je ne serais pas étonné que cette décision aberrante débouche sur un scandale encore plus énorme que celui de la prohibition de la chloroquine en France.

Une immunité naturelle ?

Une autre hypothèse assez détonante a été formulée la semaine dernière : l’Afrique sub-saharienne serait protégée du sars-cov-2 grâce aux… coronavirus. Par leur omniprésence au sein d’une population jeune et moins vulnérable, ces autres agents viraux associés aux rhinites et à de légers syndromes grippaux auraient procuré une protection immunitaire « croisée » contre la grippe covid. Pour explorer leur intuition, les chercheurs ont analysé 500 sérums prélevés avant la pandémie en Tanzanie, en Zambie et aux USA. Bingo : ils ont trouvé que la fréquence de détection d’anticorps dirigés contre la fameuse protéine spike était significativement plus élevée (2,9% à 4%) dans les sérums africains que dans les sérums américains (1,2%). Parue dans The International Journal of Infectious Disease, leur étude fournit aussi une autre information de taille : la totalité des sérums ont réagi à la protéine pointue et à la nucléocapside des quatre coronavirus inoffensifs mais pas avec celles du SARS et du MERS. Autrement dit, le covid est bien un rhume potentiellement dangereux pour les personnes vulnérables, et non une infection intrinsèquement redoutable pour l’appareil respiratoire. Au chapitre des explications immunologiques, j’en rajoute une en dernière minute : dans ma boîte mail, j’ai en effet reçu ce matin une article posté sur le site Malaria World par Pierre Lutgen, docteur en sciences et infatigable promoteur de la plante Artemisia dans le traitement du paludisme. Cet article s’appuie sur plusieurs études récentes ou plus anciennes et qui indiquent que la co-infection parasitaire et virale pourrait offrir à l’hôte un avantage vital. Comment ? En générant des immunoglobulines qui entrent en synergie et qui influencent la réponse inflammatoire. En d’autres termes, les populations africaines auraient été moins sujettes à l’orage de cytokines du fait qu’elles sont régulièrement « visitées » par des parasites intestinaux comme les helminthes. Tandis que dans le monde urbain moderne « vermifugé », l’excès d’hygiène rendrait plus fragile. Bien que l’interaction entre l’infection helminthique et la pneumonie virale soit mal définie, écrit Pierre Lutgen, il y a des preuves que la première peut modérer le processus d’inflammation pulmonaire occasionnée par la deuxième. Ainsi donc, l’Afrique devrait à ses maux endémiques d’avoir peu souffert du fléau pandémique. Dans son milieu aseptisé, l’Occidental ou le Chinois occidentalisé serait en revanche moins apte à se coltiner un agent viral. Voilà qui invite à concevoir la santé comme un juste milieu et à ne plus se vanter d’appréhender toute la complexité de l’immunité.

Autres hypothèses

À mes yeux, l’exception africaine pourrait toutefois s’expliquer différemment. D’abord par le climat puisqu’il est acquis que le virus couronné se sent chez lui à des températures d’environ 10 degrés. Sous les tropiques, le thermomètre descend rarement en dessous de quinze. Ensuite par l’ensoleillement. Les Africains ne manquent pas de soleil et ne sont donc pas carencés en vitamine D malgré leur faible capacité à la synthétiser. Est-ce un hasard si les Afro-Américains et les Hispaniques ont été davantage décimés aux États-Unis ? Est-ce la fatalité si les Européens d’origine africaine et maghrébine ont payé un plus lourd tribut que les Caucasiens ? Certainement pas et nos politiciens devraient briser le tabou en osant dire aux populations à peau mate ou foncée qu’elles sont génétiquement moins adaptées à vivre sous nos latitudes. Les noirs et les métis devraient systématiquement bénéficier d’une supplémentation vitaminique pour affronter l’hiver et ses pics épidémiques saisonniers. En Afrique subtropicale, il n’y a pas de saison froide et la grippe y sévit toute l’année à bas bruit. Ipso facto, la vaccination antigrippale y est fort peu répandue et elle n’a donc pu générer un phénomène d’interférence virale comme nous soupçonnons qu’il se soit produit chez nous. Parmi les facteurs explicatifs « alternatifs », citons aussi l’absence de maisons de retraite sur le continent africain. Dans leur culture, les anciens sont honorés et il ne viendrait pas à l’idée de les parquer dans des mouroirs comme cela se fait dans nos contrées barbares. Pas de génocide par solitude et syndrome de glissement dans le berceau de l’humanité ! Pas non plus de hantise de la mort virant à la thanatophobie comme en Occident : les Africains, tous les voyageurs vous le diront, cultivent la joie d’être en vie et s’effraient peu de sa fin puisque des tas de maladies infectieuses (tuberculose, malaria, dengue, hépatites…) peuvent la hâter à tout moment. Ceci expliquant cela, le « mystère africain » n’est-il pas à situer dans une moindre réceptivité à la panique hystérique qui s’est emparée des autres continents ? N’est-il pas à comprendre dans la poursuite, en maints endroits et malgré l’alarmisme des autorités, d’une vie plus ou moins normale ? N’est-il pas le bienfait collatéral d’un dépistage beaucoup moins frénétique et de l’évitement consécutif de ses impacts iatrogéniques ? Déjà mentionné, le cas de la Tanzanie mériterait d’être étudié en profondeur. Son président John Magufuli s’est méfié des tests PCR et les a ridiculisés début mai en révélant que des chèvres et des papayes étaient sorties positives. Il a décommandé le masque, refusé de confiner aveuglément et sommé les médias de ne pas attiser la peur. En guise de stratégie sanitaire, il a préconisé la prière et le jeûne collectif. Résultat : même les ONG et les agences de presse occidentales ont rapporté que le covid était entièrement sous contrôle et que le mince afflux de patients n’avait jamais mis les hôpitaux sous tension. Serait-ce donc le « rassurisme » de son gouvernement qui a préservé les Tanzaniens et serait-ce la terreur qui a tué ailleurs ? Le miracle africain n’est sans doute pas attribuable à une seule cause et il est probablement la résultante de multiples facteurs difficilement discernables. Ce qui est sûr, c’est que la meuf de Bill Gates et tous les brillants experts se sont magistralement plantés dans leurs prophéties cataclysmiques. Ce qui est non moins certain, c’est que Didier Raoult avait raison : les pandémies n’existent pas et il y a toujours des écosystèmes qui font exception, des lieux où les circonstances environnementales et/ou le contexte psychosocial font échec au péril infectieux. L’Afrique noire en est la lumineuse illustration.

Yves Razir

Source : Néo Santé

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