Pourquoi en tant que préfet de police de Paris je me dois de répondre à Dominique Sopo sur les violences policières

Particulièrement vigilant sur les questions de déontologie, j’ai pris connaissance de la lettre du président de SOS racisme avec une grande attention.

Benoit Tessier / Reuters
Pourquoi en tant que préfet de police de Paris je me dois de répondre à Dominique Sopo sur les violences policières

Réponse à Monsieur Dominique Sopo, Président de SOS Racisme, suite à sa tribune

Monsieur le Président,

Par courrier en date du 15 février courant, vous avez appelé mon attention sur les blessures subies par M. Théodore Luhaka lors de son interpellation par les effectifs du commissariat d’Aulnay-sous-Bois. Vous dénoncez des faits perpétrés par des policiers animés par des sentiments purement racistes, la volonté de nuire, et abusant habituellement des pouvoirs que leurs fonctions leur confèrent.

Particulièrement vigilant sur les questions de déontologie, j’ai pris connaissance de votre correspondance avec une grande attention.

S’agissant tout d’abord de l’affaire qui concerne M. Luhaka et de son traitement procédural, vous contestez les orientations de l’enquête de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) et arguez de l’évidence des faits.

Bien que ce service ne soit pas placé sous mon autorité, je tiens à vous rappeler que l’IGPN, dont le professionnalisme et le souci de transparence ont régulièrement été reconnus, est parfaitement compétente pour traiter ce type de cas, poursuit actuellement ses investigations sous le contrôle de l’autorité judiciaire et n’a pas rendu de conclusions définitives sur cette affaire.

Son travail d’enquête implique rigueur et méthode, et le souci de garantir les droits de chacune des parties, qui peuvent s’exprimer et livrer leur version des faits.

S’agissant ensuite du commissariat d’Aulnay-sous-Bois ainsi que de la Brigade Spécialisée de Terrain (BST) qui lui est rattachée, vous exigez une enquête générale sur le fonctionnement du commissariat et de cette unité.

A l’heure actuelle, les faits qui font l’objet d’investigations concernent le comportement de quatre fonctionnaires appartenant à cette brigade, et non l’intégralité de l’unité.

Au demeurant, bien que vous dénoncez de multiples actes déplacés, voire une attitude générale et permanente de provocation raciste et violente de cette BST, il apparaît que ce type d’unité répond pleinement aux attentes des autorités locales et des habitants concernés, pour lutter contre les faits de délinquance et les incivilités plus spécifiquement perpétrés sur la voie publique et faire reculer un sentiment d’insécurité des riverains, tout en témoignant d’une réelle efficacité de par leur connaissance fine du terrain.

Le schéma des BST a permis d’obtenir des résultats suffisamment satisfaisants ces dernières années pour que plusieurs de ces brigades soient créées à travers l’ensemble de l’agglomération parisienne. Par conséquent, rien n’indique, en l’état actuel de l’enquête, qu’il faille condamner de manière collective et unanime la BST d’Aulnay-sous-Bois.

Pour ce qui concerne enfin le respect de la déontologie et d’un dysfonctionnement que vous qualifiez de « structurel » au sein de la Police Nationale, et bien que je n’aie vocation à m’exprimer que pour l’agglomération parisienne, vos propos semblent là aussi correspondre à une vision partielle de la situation.

En effet, de multiples chantiers et réformes institutionnelles ont été menés à bien pour améliorer les relations entre police et population. En témoignent ainsi, à titre emblématique, et outre la plateforme de l’IGPN qui constitue une avancée pratique indéniable, la mise en place du Défenseur des Droits, ou la refonte du Code de Déontologie des services de sécurité intérieure.

Ces initiatives s’inscrivent dans l’optique de l’affirmation de la vocation première de service et de protection de la population de la Police Nationale, qui demeure l’un des services publics les plus appréciés des Français, et qui a dernièrement suscité un nombre record de vocations.

Je suis, à titre personnel, très attaché à promouvoir toutes les initiatives de nature à favoriser un lien harmonieux et efficace entre les effectifs de la préfecture de police et la population dont j’ai la charge d’assurer la protection.

Par conséquent, le tableau général d’une police nationale partiale et « mettant la population en danger » que vous décrivez apparaît grandement erroné et injuste et je condamne fermement les propos tenus dans votre correspondance.

Tant que la Justice ne sera pas prononcée de manière définitive sur cette affaire, je vous demande de respecter le principe de la présomption d’innocence, tout comme s’impose la considération due aux hommes et femmes de la préfecture de police profondément dévoués pour assurer la sécurité des institutions et de la population.

Espérant ainsi vous avoir apporté des précisions utiles, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.

Source :  huffingtonpost

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