Perpignan : un gendarme jugé pour avoir faussement accusé son ex-femme de violences sur les enfants

L’homme, en poste dans les P.-O. à l’époque, avait déposé plainte contre son ex-épouse pour violences sur leurs deux enfants.

« Comment peut-on imaginer qu’un gendarme aille déposer plainte dans son service concernant son enfant ? Il n’y a aucun frein de déontologie. C’est hallucinant. Le tribunal est exaspéré par cette absence de réponse aux exigences de l’éthique, de la morale et du droit. Sur toutes ces questions, vous êtes passé à côté ». Tel était ce mardi le préambule du président du tribunal correctionnel Jean-Luc Dooms à l’attention du militaire jugé pour ‘dénonciation calomnieuse’ au préjudice de son ex-épouse. L’affaire remonte à 2009. Le climat est alors extrêmement conflictuel entre eux suite au divorce que le gendarme, en poste à cette époque dans une brigade des P.-O. et officiant aujourd’hui en Corse, avait lui-même demandé avant de se remarier.

Or, la petite fille du couple, alors âgée de 10 ans, fait une déposition dans l’unité où officie son père, accusant sa mère de lui donner « quotidiennement des gifles et des coups de pieds dans les genoux » et de réserver le même traitement à son petit frère de 4 ans. « J’en ai marre. Parfois, je veux me tuer« , dit-elle.

Et le président de poursuivre : « Là, avant même la fin de l’audition de l’enfant, la mère est appelée par la brigade sur son portable, en numéro masqué, pour lui annoncer que les enfants lui sont retirés. Alors qu’aucune décision n’a été prise« . Un autre service de gendarmerie du département est alors saisi de l’enquête.

Douze jours après, le père dépose plainte contre son ex-femme pour violences sur les enfants. Or, deux semaines plus tard, la fillette, réentendue par la police, revient sur ses déclarations et avoue avoir menti. Elle raconte, même si elle précise qu’elle se fait du souci pour lui, que son père, aidé de sa nouvelle compagne, lui a fait apprendre ce qu’elle devait répéter avant de l’amener à « sa » gendarmerie. Elle ajoute qu' »ils lui ont montré une cellule et lui ont dit qu’elle finirait là si elle ne disait pas ces choses-là ».

Et que sur le trajet de la brigade jusqu’au cabinet du légiste, l’amie de son père lui a demandé de pleurer mais qu’elle n’y arrivait pas. « Elle m’a mis une gifle très fort et j’ai pleuré« , termine-t-elle. Un expert psychiatre confirme que la fillette n’a subi aucune maltraitance et le 11 février 2011 le dossier est finalement classé sans suite. « Cette décision vous ne l’avez pas contestée, reproche le procureur, insistant sur « l’intention de nuire, la machination et l’acharnement » et requérant une peine de 3 à 6 mois avec sursis et 2 000 € d’amende.

« Cette affaire me rend triste. Reconnaître son erreur, ça s’appelle la grandeur de la fragilité », renchérit Me Christol réclamant 30 000 € en réparation pour l’ex-épouse. « J’étais de bonne foi. J’ai pris en compte la parole de mes enfants. Ils me l’ont dit dans la voiture et on est allés aussitôt à la gendarmerie. Si je n’avais rien fait et que c’était vrai, où je serais aujourd’hui ?« , se défend le prévenu, appuyé par son avocat Me Scherrer qui a plaidé la relaxe avec force. Voire la non-inscription de la condamnation au casier judiciaire, rappelant que le gendarme encourt la perte de son habilitation d’officier de police judiciaire. Délibéré le 28 avril.

Source : L’Indépendant

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