Mort de Rémi Fraisse : la thèse d’une grenade des gendarmes privilégiée


Des traces d’explosifs sur les vêtements de… par lemondefr

Les révélations se sont accumulées mardi 28 octobre autour de la mort du jeune manifestant Rémi Fraisse près du barrage de Sivens, dans le Tarn. Le corps de l’étudiant de 21 ans avait été retrouvé dans la nuit de samedi à dimanche par les forces de l’ordre, après que des affrontements ont eu lieu entre ces derniers et les opposants au barage. Depuis, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de sa mort.

  • Qu’ont révélé les analyses ?

Les premières analyses, rendues publiques lundi, avaient révélé l’existence d’une « plaie importante située en haut de dos » de la victime, selon le procureur d’Albi, Claude Derens, une brûlure profonde, selon nos informations. Cette plaie a « été causée, selon toute vraisemblance, par une explosion », affirmait lundi Claude Derens.

Mardi, le magistrat a annoncé que des traces de TNT, l’explosif utilisé dans les grenades offensives des gendarmes, avaient été retrouvées sur les vêtements de Rémi Fraisse, le jeune homme retrouvé mort sur le site du projet de barrage de Sivens (Tarn).

  • Quelle piste est désormais mise en avant ?

Après ces révélations, la thèse d’une mort due à un projectile lancé par les forces de l’ordre est privilégiée. En effet, la présence de TNT sur les effets vestimentaire de Rémi Fraisse « ne peut donc aujourd’hui exclure le rôle de la grenade offensive jetée depuis la redoute où s’étaient retranchés les gendarmes », d’après les propres termes de Claude Derens, mardi.

Les analyses accréditent également la thèse défendue par les proches de la victime. L’avocat de la famille avait annoncé lundi avoir déposé deux plaintes : l’une pour homicide volontaire et la seconde pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner » commises « par une ou plusieurs personnes dépositaires de l’autorité publique ».

L’avocat s’était d’ailleurs avancé mardi matin, avant même les résultats des analyses : « Je m’oriente plutôt vers un tir d’arme, un projectile, flash-ball, grenade, à tir tendu, assez proche, pendant une charge des gendarmes mobiles».

  • Quelles grenades ont été utilisées ?

Les interrogations autour de la dangerosité des « grenades offensives » ont été soulevées mardi. Outre les grenades lacrymogènes, les forces de l’ordre, gendarmes et policiers, emploient deux types de grenades lors de manifestations qui dégénèrent : celles dites de « désencerclement » ou « assourdissantes », et celles dites « offensives ».

Les premières contiennent de petites billes en plastique qui éclatent lors de l’explosion, et « peuvent éventuellement blesser très légèrement, mais c’est très rare », selon une source policière travaillant dans le maintien de l’ordre. Les secondes sont en revanche plus puissantes. « Cela provoque un bon effet de souffle et pas mal de bruit », précise une source sécuritaire. Les forces de l’ordre, lorsque cela est possible, doivent prévenir les manifestants que des grenades vont être tirées.

Le campement des opposants au barrage de Sivens (Tarn), le 28 octobre, 3 jours après la mort du jeune opposant Rémi Fraisse au barrage de Sivens.

Si la grenade « offensive » peut provoquer parfois de graves blessures, les spécialistes se montrent catégoriques : elles ne peuvent tuer, sauf improbable concours de circonstances. Dans l’hypothèse où l’une de ces grenades aurait provoqué la mort de Rémi Fraisse, tous les experts évoquent une combinaison avec un autre élément comme un fumigène, une cartouche de gaz ou même peut-être un aérosol.

« Sans attendre les résultats » de l’enquête administrative sur les conditions d’utilisation des grenades offensives, qui devrait intervenir d’ici à quinze jours, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé mardi soir la suspension de l’utilisation de ces projectiles par la gendarmerie.

  • Qui est chargé de l’affaire ?

La révélation des traces de TNT sur les vêtements de Rémi Fraisse modifie également la gestion de l’enquête. C’est désormais du ressort du pôle criminel de Toulouse d’instruire des faits commis par des militaires de la gendarmerie, dans le Tarn. Le procureur d’Albi a donc déclaré dans la journée qu’il se dessaisissait du dossier au profit du parquet de Toulouse.

Dans la soirée, le défenseur des droits, Jacques Toubon, a également annoncé se « saisir d’office » du dossier, selon BFM TV. « Le fait que je me saisisse d’office ne signifie en aucune façon que nous avons une idée préconçue des responsabilités des uns ou des autres, a précisé Jacques Toubon. Nous allons saisir le procureur de Toulouse pour demander l’autorisation d’ouvrir une enquête car nous ne voulons pas empiéter ». Et d’ajouter : « Nos procédures nous permettrons ensuite, si besoin, de demander au ministre de l’intérieur des sanctions disciplinaires ».

Source :Le Monde

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