Les Thénardiers du 93 Ils ont filmé la lycéenne en flamme ! Mais dans quel monde sommes-nous en train de basculer ?

93e8b6ab6cd88dc6a14c0ca64496b2a6_html_653a1d69J’emprunte une partie de ce titre à un excellent article de Bertrand Vergely. Mais on peut y ajouter quelques détails qui ont leur importance.

Homo homini lupus est, l’homme est un loup pour l’homme. Depuis la nuit des temps, l’homme tue. Pour défendre son territoire. Pour en conquérir un autre. Pour protéger son bien. Pour s’accaparer celui d’autrui. C’est connu.

Ce qu’on connait moins, c’est homo homini hyaennus est, l’homme est une hyène pour l’homme. Des hyènes qu’on a vues à l’œuvre à Villemomble en Seine-Saint-Denis. Bertrand Vergely a consacré dans Atlantico un long et beau texte au destin pathétique de la lycéenne qui s’est immolée.

Il décrit notre société comme une société sans âme et sans autre perspective que la réussite à tout prix. Elle pousse, écrit-il, au désespoir des êtres humains faibles qu’elle relègue dans le camp des perdants. Il n’a pas tort. Tout le monde n’est pas éligible à une start-up, modèle rêvé des progressistes à la Macron. Les premiers de cordée, contrairement à ce que prétend le chef de l’Etat, ne tirent pas les derniers de cordée vers le haut mais les précipitent dans le vide pour rendre plus facile leur ascension.

Le Parisien est un journal qui dit le mieux ce qui se passe près de chez nous. Il scrute de près la réalité des choses au lieu de la regarder de loin, en la badigeonnant de généralités, comme le font les autres quotidiens. Ses journalistes sont allés au lycée Georges Clemenceau de Villemonble ou a eu lieu le drame.

La lycéenne, Madina, a dix-huit ans. Elle était en première. Une personnalité fragile puisqu’elle faisait l’objet d’un suivi psychologique. Quand elle a mis le feu à ses vêtements après les avoir aspergés d’essence elle a crié : « Aidez-moi, aidez-moi ! ». Certains élèves (heureusement peu nombreux) ont alors sorti leurs portables et ont filmé la scène. Puis pour partager le spectacle avec le plus grand nombre, ils ont posté leurs vidéos sur Snapchat !

A vomir ! Et que dire ? Que la société est certes sans âme. Mais qu’il y a des êtres humains qui sont des âmes mortes. Des hyènes, des charognards. Ils filment l’insoutenables et ne font rien pour y mettre fin. De peur sans doute de perdre quelques précieuses images. On ne connaît pas leurs noms mais celui de Thénardier leur va comme un gant…

Ce sont les mêmes, ou leurs frères ou leurs cousins ou leurs potes qui filment des viols et postent leurs images sur les réseaux sociaux. Ils sont parmi nous. Mais sont-ils des nôtres dès lors que toute humanité chez eux a disparu et qu’ils n’aiment rien tant que de roder avidement autour des cadavres ? Oui, dans quel monde sommes-nous en train de basculer ?

Source : Atlantico

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