Les gendarmes ont un nouveau chef mais les mêmes soucis budgétaires

Le général Rodriguez succède au général Lizurey comme directeur général de la gendarmerie nationale, dans une situation financière tendue

christian_rodriguez_sipaChristian Rodriguez

© Sipa Press
Jusqu’à présent numéro deux, le général Christian Rodriguez a été nommé ce mercredi en conseil des ministres au poste de Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN). Il hérite d’une institution en pleine transformation, qui a trouvé sa place au ministère de l’Intérieur, dix ans après son rattachement, mais peine à mettre de l’essence dans ses véhicules.

La gendarmerie change de chef. Le général Christian Rodriguez, 55 ans, a été nommé Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), ce mercredi en conseil des ministres, et succède au général Richard Lizurey à ce poste depuis trois ans. Cette nomination n’est pas une surprise : Christian Rodriguez était déjà le numéro 2 de la maison, le « ​major général ​» en langage militaire.

Toutefois, un coup de théâtre n’aurait pas été impossible, avec la nomination d’une femme comme DGGN – une première en France aussi bien à la tête d’une armée que d’une force de police. Le nom de la générale Isabelle Guion de Méritens était régulièrement évoqué, y compris récemment pour le poste de numéro 2. En interne, elle pâtit sans doute de son refus en 2017 d’une nomination en province, à Marseille. Le nouveau major général est Bruno Jockers, actuellement à la tête dans la gendarmerie dans l’Est.

Le principal défi du nouveau DGGN sera budgétaire (9 milliards de crédits de paiement en 2020). « ​Nous avons un problème avec le fonctionnement en matière d’immobilier, de parc automobile et d’essence pour le faire rouler ​​», constate un officier. Début octobre, le général Lizurey faisait part de son inquiétude aux sénateurs ​: « ​S’agissant des carburants, on peut tenir jusqu’à fin novembre… ​» Malgré une récente modernisation, liée notamment à l’antiterrorisme, un autre officier pointe des manques dans l’équipement. On a pu le constater avec les antiques blindés bleus VBRG, resortis contre les Gilets Jaunes.

« Meilleur choix possible ». Le nouveau DGGN est le sixième officier général à diriger la gendarmerie depuis la décision de Jacques Chirac, en 2004, de rompre avec la longue tradition de nommer des préfets ou des magistrats à sa tête. « ​Une force de 100 000 hommes doit bien pouvoir générer en son sein quelqu’un capable de la commander ​», avait alors dit le Président au premier d’entre eux, le général Guy Parayre, comme il le raconte dans le livre Les Protecteurs (2019, Odile Jacob).

Issu de Saint-Cyr, Christian Rodriguez a effectué une carrière classique dans la Gendarmerie, avec des commandements en Haute-Savoie et en Corse. Il a été conseiller « ​gendarmerie ​» au cabinet des ministres de l’Intérieur Manuel Valls et Bernard Cazeneuve. « ​C’est le meilleur choix possible ​», assure le général Denis Favier, lui-même ancien DGGN, qui se souvient de l’avoir eu comme numéro deux en Haute-Savoie.

Dix ans après son rattachement au ministère de l’Intérieur, la Gendarmerie semble y avoir trouvé sa place, au côté de la Police. En 2009, la partie n’était pas gagnée. Le criminologue Alain Bauer, coauteur des Protecteurs, évoque ces « ​moments de doute ​» quand « ​l’Arme ​», telle qu’on l’appelait traditionnellement, a quitté le giron de la Défense. Dix ans plus tard, la Gendarmerie a conservé son statut et surtout son identité militaire. Alain Bauer, qui a interviewé les neuf derniers DGGN (depuis 1993), estime qu’« ​en se comparant à la police, elle s’est rassurée ​» et évoque un climat de « ​soulagement ​» et d’« ​optimisme ​». La grave crise de 2001, où l’on avait vu des gendarmes manifester, semble derrière elle, alors que la Police nationale connaît toujours de sérieuses difficultés internes.

Aisance numérique. « ​La Gendarmerie a un chef, le DGGN, ce qui n’est pas le cas de la Police ​​», partagée entre de nombreuses baronnies, dont la Préfecture de Police n’est pas la moindre, note Alain Bauer. La spécificité militaire de l’encadrement évite la dualité entre officiers et commissaires, que l’on trouve dans la Police, sur le modèle de l’administration civile. « ​Chez nous, tous les généraux ont commencé comme lieutenant et on fait du terrain, notamment en maintien de l’ordre, au plus près des hommes ​», explique un officier supérieur.

Si les gendarmes ne sont pas syndiqués – là encore, une différence de taille avec la Police – ils ont depuis 2015 le droit de s’organiser au sein d’Association professionnelle nationale de militaires (APNM), comme GendXXI. Ils disposent également d’une presse professionnelle indépendante, avec l’Essor.

La direction de la gendarmerie communique sur « ​l’innovation ​» et le « ​contact humain ​». Cette transformation est visible sur le terrain avec les tablettes et téléphones NeoGend, un instrument numérique qui modifie le travail des gendarmes. « ​L’aisance numérique est devenue l’un de nos critères de recrutement ​», explique la DGGN.

La Gendarmerie suscite toujours des vocations avec plus de quatre candidats pour chacun des 4 000 recrutements annuels. Elle est également parvenue à constituer un important vivier de 25 000 réservistes, employés quotidiennement.

Source : L’Opinion

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