Le tueur à gages qu’ils tentent de recruter est un gendarme

Deux sexagénaires qui souhaitaient se venger d’un rival ont été pris en flagrant délit: la gendarmerie, alertée de leur projet, leur a envoyé «Gino», un militaire qui s’est fait passer pour un tueur professionnel. Ils comparaissent ce jeudi devant le tribunal correctionnel d’Évry.

André Brunier et Serge Dumas avaient chacun une bonne raison d’en vouloir à Gérard Broncy, commercial dans le luminaire. Le premier, éclairagiste retraité, en raison d’un litige commercial – M. Broncy était associé de son épouse -, le second, cuisinier, parce que sa femme l’avait quitté pour M. Broncy. C’était, certes, il y a dix ans, mais cette réorientation de vie sentimentale avait eu aussi des conséquences pécuniaires: la liquidation de la communauté de biens (parmi lesquels une brasserie), prononcée sept ans après la rupture, avait sensiblement réduit le train de vie du mari déconfit.

Une fois au courant des prix du marché, ils se rabattent sur une bonne correction à 3.000€

Les deux sexagénaires se connaissent un peu et se racontent leurs malheurs, découvrant qu’ils sont dus au même individu. De sorte que, bien que totalement étrangers aux méthodes de la pègre, jamais condamnés, ils décident de recruter un tueur à gages pour éliminer Gérard Broncy. C’est la gendarmerie qui déjoue leur funeste complot, alertée par un informateur que deux «caves» tentent de se lancer dans le crime de sang par commandite. Un militaire se fait alors passer pour un certain Gino, assassin professionnel. MM. Brunier et Dumas, toutefois, revoient leurs ambitions à la baisse une fois au courant des prix du marché: écartant finalement la balle dans la tête à 12.000€, ils se rabattent sur une bonne correction à 3.000€. Gino est chargé de briser les deux jambes de M. Broncy, afin qu’il ne puisse plus jamais remarcher. Il sera payé après avoir fourni la preuve qu’il a bien rempli sa mission.

Le pandore infiltré s’en va raconter toute l’histoire à sa supposée future victime, laquelle tombe des nues en apprenant qu’elle est sous protection depuis plusieurs semaines et accepte de se prêter à une mise en scène photographique apparemment convaincante, puisque les deux Capone au petit pied remettent l’argent promis à Gino.

Quelques heures après, ils sont arrêtés et conduits devant le tribunal pour y être jugés en comparution immédiate – procédure expéditive dont on peut se demander si elle est la plus appropriée pour un dossier aussi singulier. Lors de l’audience du 17 octobre, leurs avocats, Mes Camille Poussin et Jacques Bourdais, sollicitent un renvoi pour mettre au point une défense efficace. Le président, de son côté, diligente une expertise psychiatrique qui, selon nos informations, n’a pas mis en évidence d’irresponsabilité pénale. Les deux prévenus comparaissent ce jeudi devant le tribunal correctionnel d’Évry (Essonne) pour association de malfaiteurs en vue de provoquer une infirmité permanente et encourent cinq ans de prison.

André Brunier et Serge Dumas sont détenus à Fleury-Mérogis – dans la même cellule semble-t-il – depuis leur arrestation. Serge Broncy, qui s’est constitué partie civile par l’entremise de son conseil, Me Francis Dominguez, demande 10.000€ de provision au titre de dommages et intérêts, alléguant d’un désarroi psychologique très pénalisant – le syndrome de Gino?

Source : Le Figaro

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