Le crime, la carte et le territoire

En France, la collecte des données en vue d’établir une cartographie criminelle se heurte notamment à la séparation entre police et gendarmerie.

La cartographie criminelle est restée longtemps confidentielle en France, à la différence de pays comme les Etats-Unis ou le Canada. Trente ans après son arrivée, des expérimentations comptent tirer profit des outils géographiques contre le vol de voiture (Oise), les vols avec violences (Toulouse) ou les vols à la tire aux distributeurs de billets ­(Paris). Pourtant, les forces de sécurité intérieure butent encore sur des difficultés structurelles.

Face au modèle américain – des polices locales qui peuvent chacune développer leurs propres outils –, la centralisation à la française impose le développement des mêmes instruments pour tous. Ce fonctionnement, lent et coûteux, pose problème à l’heure où s’imposent des changements techno­logiques rapides. De plus, la collecte et la mise en forme des données se heurtent à la séparation entre police et gendarmerie : certaines analyses géographiques doivent se limiter aux statistiques de l’une des deux institutions, ce qui empêche une approche globale de la criminalité. « On attend un logiciel de dépôt de plainte commun à la police, la gendarmerie et la Préfecture de police de Paris », rappelle Alain Bauer, professeur de criminologie appliquée au Conservatoire national des arts et métiers. « Celui-ci devra prendre en compte le lieu de commission du délit, et pas le lieu du dépôt de plainte, afin que la géolocalisation des infractions soit possible. »

Centrifuge et centripète

Quant à la sectorisation excessive, selon laquelle chaque service a son propre espace d’action, elle empêche d’appréhender le fait criminel dans sa globalité : « La notion de territoire n’est pas toujours comprise. Pour moi, il s’agit du territoire de l’infraction, pas du découpage administratif. Pour traiter, par exemple, les vols à la roulotte, il faut analyser le phénomène à l’échelle de Paris, puis se focaliser sur des zones plus locales. Or, c’est souvent l’inverse qui est fait », explique Jean-Luc Besson,…

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