La gendarmerie nationale, « un acteur mineur de la sécurité intérieure » ?

C’est ce qu’a affirmé un syndicat de commissaires de police dans une lettre ouverte adressée place Beauvau.

C’est ce qu’a affirmé un syndicat de commissaires de police dans une lettre ouverte adressée place Beauvau. Cette missive a provoqué l’ire du ministre. Le général Favier, directeur général de la gendarmerie nationale et ancien patron du GIGN, vient de donner une interview au Parisien.

Avant cette correspondance, Bernard Cazeneuve avait annoncé vouloir mettre en place une unité d’intervention à moins de 20 mn de déplacement de tout point du territoire. La gendarmerie couvrant 95 % de ce territoire, on a compris ce qui fait bondir ces syndicalistes. Leur penchant notoire pour l’occultisme (il se dit qu’un commissaire sur deux fréquente les loges) a fait le reste. C’est qu’il s’ourdirait dans l’ombre un complot contre leur corporation par une gendarmerie nationale qui n’est pas douée de la représentation syndicale et qui se tient, par géographie et par construction, éloignée du politique.

Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les moyens de police étaient dans les mains des maires. Dans les grandes villes, des commissaires de police leur étaient adjoints. En 1940, tout s’écroule : il faut pallier l’absence de forces de l’ordre et satisfaire aux exigences grandissantes de l’occupant. La police nationale est créée. À la Libération, 50 % des commissaires de police sont limogés. Après l’épuration et la décolonisation, le modèle est étendu en 1966. D’enjeu local, la question sécuritaire est devenue nationale et… très politique.

En 2016, la police nationale a pour mission d’assurer la sécurité de 33 millions de Français sur 5 % du territoire, avec 144.000 civils et 8 milliards d’euros. La gendarmerie assure la même mission sur le reste avec 76.000 militaires d’active et un budget voisin. Aussi, qualifier celle-ci « d’acteur mineur de la sécurité intérieure » est plus qu’un mensonge : une insulte. Au passage, le déploiement des unités militaires dans certaines zones « police » du territoire s’est accompagné d’une baisse aussi brutale que notable de la délinquance. Pourtant, ces militaires sans compétences répressives n’ont qu’un rôle dissuasif. On notera aussi que la base des policiers vote comme les gendarmes, majoritairement pour un parti dont on se plaît à dire dans ces mêmes syndicats minoritaires qu’il n’est « pas républicain ». Mais alors, la police ne serait plus républicaine ? Diantre, nous voici « revenus aux heures sombres de notre histoire » !

N’en déplaise à ces hauts fonctionnaires syndiqués, la police nationale n’est pas l’acteur principal qui devrait régenter tout ce qui concerne la sécurité des Français. Il suffit d’additionner les effectifs et les budgets des forces armées (212.000), des pompiers (238.000) et des agents privés (120.000) pour mesurer que la police nationale consomme 20 % des moyens que les Français allouent à leur sécurité. La bonne vieille rhétorique syndicaliste est élimée. « Donnez-nous plus de moyens ! Donnez-nous le droit d’ouvrir le feu, vous allez voir ce que vous allez voir ! » Depuis un an, chaque ouverture du feu a été surclassée. Ce n’est pas un point de droit, mais une question de métier. À Saint-Denis, les seuls projectiles policiers qui ont atteint leur cible ont touché des collatéraux : des voisins et le chien Diesel. Qu’importe, les terroristes sont morts ! Lettres de félicitations pour tout le monde. Fermez le ban.

Tout comme le nuage de Tchernobyl ne s’est pas arrêté à la frontière, le nuage noir du djihad ne s’arrêtera pas à la limite des compétences territoriales. Pendant que ces quelques syndiqués font la bronca pour favoriser leurs carrières et préserver leur baronnie, les soldats de l’État islamique fabriquent des gilets d’explosifs, s’infiltrent parmi la foule des migrants, s’exercent et planifient de nouvelles attaques.

Source : Boulevard Voltaire

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