« J’étouffe ! » : les derniers mots de Cédric Chouviat, mort à la suite d’un contrôle policier

« Le Monde » et « Mediapart » ont eu accès aux enregistrements du téléphone de la victime. Quatre policiers ont été placés en garde à vue.

cc4f4dd_3WalDgCkUzSoOo-PvDwdbqnxContrôlé par la police le 3 janvier, Cédric Chouviat est mort d’un malaise cardiaque deux jours plus tard. DOCUMENT LE MONDE

« J’étouffe ! » Le cri d’agonie est répété sept fois. Ce sont les derniers mots prononcés par Cédric Chouviat, le 3 janvier 2020, lors de son interpellation par la police quai Branly, au bord de la Seine, à Paris. Le Monde et Mediapart ont eu accès aux enregistrements du téléphone de ce livreur, père de famille, mort à la suite d’un contrôle routier qui a dégénéré. Sur les bandes vidéo, on entend clairement l’échange entre cet homme de 43 ans et les quatre fonctionnaires à l’origine de son arrestation et de son décès. Ces derniers ont été placés en garde à vue, mercredi 17 juin, et auditionnés par l’inspection générale de la police nationale, dans le cadre de l’information judiciaire ouverte pour « homicide involontaire ». Ils pourraient être mis en examen dans les semaines à venir.

Filmée de loin par des passants, la scène, qui a eu lieu aux abords de la Tour Eiffel, gardait jusque-là une part de mystère. Mais les enquêteurs ont eu accès aux neuf vidéos tournées par Cédric Chouviat lui-même et aux trois autres prises par l’une des policières impliquées dans l’arrestation. Ces douze minutes d’échanges permettent de mieux comprendre les circonstances dans lesquelles les fonctionnaires ont décidé de procéder à l’interpellation. L’homme a été plaqué au sol sur le ventre ; d’après un témoin présent sur les lieux, une clé d’étranglement a été effectuée. Victime d’un malaise cardiaque, Cédric Chouviat a été transporté à l’hôpital dans le coma. Il est mort deux jours plus tard. L’autopsie a mis en lumière une asphyxie avec « une fracture du larynx ».

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Quand les vidéos débutent, le contrôle routier est déjà en cours. Les raisons pour lesquelles cet homme, livreur en scooter, a été arrêté sur le bord de la route, demeurent floues. Quelques jours après le drame, Thibault de Montbrial, l’avocat des quatre policiers, avait assuré que Cédric Chouviat avait son téléphone en main et que sa plaque d’immatriculation était sale. L’homme disposait pourtant d’un kit main libre actif. Sur l’ensemble des vidéos, les enquêteurs de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, qui procèdent à l’exploitation des fichiers, pensent reconnaître, sans certitude toutefois, un enregistrement sonore via le micro de son casque.

Trois fois le contrôle semble prendre fin

Dans leur rapport d’expertise, les militaires analysent le ton de la conversation. Ils notent d’emblée que « l’échange est relativement correct, même si nous pouvons ressentir une forme de “provocation” ou de “défiance” dans les paroles de la personne contrôlée ». Cédric Chouviat s’adresse ainsi aux policiers : « Je suis très correct, voilà, comme ça vous kiffez mettre des amendes aux gens, c’est votre travail. » A plusieurs reprises, il les traite de « clowns », ou de « guignols ». « Allez les provinciaux, mettez toutes les amendes que vous voulez, vous kiffez faire ça », dit-il, avant d’ajouter : « Franchement, vous avez vu vos têtes. » En retour, un policier se moque de lui, un autre brandit la menace de l’interpellation pour outrage.

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