INFO LCI – Cagnotte : un syndicat de policiers porte plainte contre Renaud Muselier pour « escroquerie »

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Michel Thooris, le secrétaire général du syndicat France police – Policiers en colère, a écrit jeudi dernier au procureur de la République de Marseille, pour l’alerter sur la cagnotte ouverte par Renaud Muselier (LR) en « soutien aux forces de l’ordre ». Dans ce courrier, que LCI a consulté, le syndicaliste annonce porter plainte contre Renaud Muselier, pour des faits supposés « d’abus de confiance » et « d’escroquerie ». Il demande au procureur « le blocage [des] fonds auprès de Leetchi.com ou la saisie à titre conservatoire de ces dons ».

 

« Les fonds récoltés ne sont […] pas, en réalité, destinés directement à l’ensemble des forces de l’ordre blessées comme le laisse penser monsieur Muselier aux donateurs. Cet argent va finir dans les caisses d’une association loi 1901 qui a sa personnalité civile propre et qui n’est donc pas par conséquence « les forces de l’ordre » comme le fait croire monsieur Muselier au grand public », écrit Michel Thooris.

 

Lancée mardi 8 janvier, cette cagnotte avait atteint 1 million d’euros de dons en seulement 48 heures. Mardi matin, son montant s’élevait à près de 1.457.205 € provenant de près de 51.000 donateurs.

« Eviter de nouveaux détournements de fonds »

Le plaignant estime qu’une « redoutable escroquerie » – ce sont ses mots – aurait été mise en place dans le but d' »abuser de la confiance de dizaines de milliers de généreux donateurs ». Le syndicat s’interroge sur la destination finale des fonds, la liste des blessés parmi les forces de l’ordre n’étant pas rendue publique par le ministère de l’Intérieur.

 

Enfin, le syndicat estime que cette plainte s’inscrit dans un contexte qui en « dit long » au sein du ministère de l’Intérieur « lorsqu’il s’agit d’argent ». Et de rappeler la condamnation de Claude Guéant dans l’affaire dite des « primes en liquide ». « C’est dans ce contexte bien particulier que s’inscrit notre plainte afin d’éviter de nouveaux détournements de fonds au détriment des personnels du ministère de l’Intérieur », écrit le syndicaliste.

Plainte pour diffamation

Contacté par LCI, l’entourage de Renaud Muselier n’était pas au courant de l’existence de cette plainte. Un comité de supervision a été mis en place afin de surveiller l’attribution des dons, rassure-t-on. « Un million d’euros ira pour les policiers, gendarmes et pompiers blessés ces dernières semaines en fonction des natures des blessures, des ITT, etc. Et 500.000 euros pour les orphelinats des trois corps », précise l’entourage du député européen qui voit dans ce dépôt de plainte « l’illustration des tensions entre syndicats de police au sein du ministère de l’Intérieur ».

 

Le président de région lui-même a réagi en se disant « très surpris de l’action de ce syndicat qui me crée des soucis depuis le départ ». Et a assuré qu’il ne partirait pas « en vacances avec la cagnotte », celle-ci devant aller « sur un compte bloqué, dans une association reconnue parle ministère de l’Intérieur ». Et de promettre « une transparence absolue ». Outre Renaud Muselier, qui, a annoncé un dépôt de plainte pour diffamation, l’action du syndicat policier vise également l’Amicale de la police nationale, censée gérer les fonds et un autre syndicat de police.

Sur le site de la cagnotte Leetchi, ce même Renaud Muselier se dit par ailleurs « soucieux de la plus grande transparence ». « Les fonds récoltés seront consacrés aux fonctionnaires blessés (policiers, gendarmes et pompiers) lors des événements de ces derniers mois via l’Amicale de la police nationale. Compte tenu des sommes très importantes, nous envisageons également de verser une partie des fonds à d’autres structures comme l’œuvre des pupilles orphelins des Pompiers de France et la fondation de la gendarmerie », peut-on lire sur la page Leetchi de la cagnotte.

 

Sollicité par LCI, le parquet de Marseille n’était pas en mesure d’indiquer lundi si la plainte avait été enregistrée et si des suites judiciaires avaient été données. Avant d’envisager des poursuites, encore faut-il que la plainte soit jugée recevable. Début janvier, le directeur général de la police nationale (DGPN), Eric Morvan, avait indiqué sur France Inter que « la police nationale [n’avait] pas besoin de cagnotte ».

Source : LCI

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