Gilets jaunes. La défense demande la relaxe « au nom de la liberté »

des-gilets-jaunes-s-etaient-rassembles-sur-le-pont-de_4478249_540x270pDes gilets jaunes s’étaient rassemblés sur le pont de Recouvrance, le mardi 8 janvier.

Suite à l’acte VIII des gilets jaunes, le 5 janvier, et à un rassemblement sur le pont de Recouvrance, le 8 janvier, trois Brestois ont comparu, ce jeudi, notamment, pour « organisation d’une manifestation sur la voie publique sans déclaration ». Le tribunal rendra sa décision le 16 mai.

Ce n’est pas une « peine de fermeté immédiate » qui a été demandée par le procureur de la République à l’encontre des trois gilets jaunes brestois, ce jeudi. Mais « une peine d’avertissement ». Trois mois de prison avec sursis pour l’un, 1 000 € d’amende pour les deux autres. Ce à quoi les trois avocats de la défense ont réagi passionnément, au nom des libertés fondamentales, soutenus par un public venu nombreux. « Ne transformez pas ces libertés en délit », ont-ils demandé.

C’est pendant l’acte VIII des Gilets jaunes, le 5 janvier, qui s’est terminé sur le pont de l’Iroise, puis le 8 janvier, lors d’un rassemblement sur le pont de Recouvrance, que se seraient déroulés les faits. Alors qu’ils comparaissaient pour « organisation d’une manifestation sur la voie publique sans déclaration », « d’entrave à la circulation des véhicules » et de « participation à un attroupement après sommation de se disperser », la défense signale le manque de détails et l’irrégularité des convocations, ce qui est reconnu par le président du tribunal. Selon les avocats, c’est ici la liberté d’expression et de rassemblement qui est jugée. « Doivent-ils être jugés parce qu’ils ont exprimé leur mécontentement ? ».

 

« On a voulu couper l’herbe sous le pied »

 

Place ensuite à un long interrogatoire afin de déterminer leur culpabilité individuelle au sein du mouvement. « C’est un acte qui vise à abattre ces têtes de gilets jaunes pour que tous les autres rentrent chez eux », dénonce la défense. C’est sur les procès-verbaux apportés par les forces de l’ordre, mais surtout sur le dictionnaire, que le procureur de la République s’est appuyé pour construire sa plaidoirie. Présentant les définitions d’« organisation » et « entrave » comme argument. « Ne transformez pas le Code pénal en Petit Larousse », a lancé l’avocate de la défense au président. Rires dans la salle.

« Comment s’organise une manifestation ? », a voulu savoir le président. « En assemblée générale ouverte à tous, et par vote ». « Tout est organisé à l’avance par tout le monde, c’est ça ? », continue le magistrat. Réponse affirmative. C’est un rôle particulier qui est attribué à ce Brestois : il aurait pris la parole lors de la manifestation pour annoncer que sa destination finale ne serait dévoilée que plus tard. « Mais pourquoi ne pas dire tout, tout de suite ? », s’énerve le président. « Parce que sinon, je serais le chef des gilets jaunes », rétorque l’accusé. « Mais non voyons ». « Mais si ! », lui répond la salle.

« Qui donne le top départ de la manifestation ? », « qui compte les votes lors des assemblées », « qui écrit au tableau ? ». Le public souffle. « On a voulu couper l’herbe sous le pied pour que tous les autres rentrent chez eux », plaide la défense. Une même question flotte dans l’air : pourquoi eux plutôt que d’autres ? Décision le 16 mai.

* Suite à un incident technique, cet article n’a pu être publié dans l’édition papier de ce vendredi 22 mars.

 Source : Le Télégramme

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *