Gendarmerie : comment ils luttent contre les cambriolages

90 coffres ont été contrôlés hier après-midi à Gaillac, Lisle et Montans. / Photo DDM, Emilie Cayre
90 coffres ont été contrôlés hier après-midi à Gaillac, Lisle et Montans. / Photo DDM, Emilie Cayre

En décembre, les commerces sont à la fête et les cambrioleurs le savent. Une période sensible pour des gendarmes très présents sur le terrain. A Gaillac, la compagnie la plus impactée par les cambriolages a une autre corde à son arc : le groupe d’enquête et de lutte anticambriolage, créé en septembre 2017. Hier, il a encore eu une journée chargée.

Magasins de foie gras, de vins et spiritueux, d’outillage… voilà des cibles de choix, pour les cambrioleurs, en période de fête. Le commandant Matuszak ne le sait que trop bien. Dans la nuit de vendredi à samedi, SMO a vu 10 000 euros de tronçonneuses, taille-haies et autres perceuses s’évanouir dans la nature, à Gaillac. Même mode opératoire que chez Costes Verts Loisirs, un magasin de bricolage cambriolé quinze jours plus tôt à Lavaur.

Alors, lundi, il a décidé de taper du poing sur la table. Il a invité tous les commandants d’unité de la compagnie de Gaillac au point de situation opérationnelle hebdomadaire. Il les a mis autour de la table avec la brigade de recherche, le groupe d’enquête et de lutte anticambriolage (Gelac) dont il a lui-même décidé la création en septembre 2017, un mois après avoir pris ses fonctions. Et ils ont planché sur les axes stratégiques pour les cambrioleurs dans un secteur à la croisée des chemins entre Toulouse, Montauban, Albi et Graulhet.

90 000 habitants à protéger

Difficile d’être partout à la fois avec seulement 134 gendarmes censés protéger 90 000 habitants dans 95 communes. En accord avec le procureur qui leur a délivré une réquisition pour ouvrir les coffres sur tous les points de contrôle, le commandant Matuszak et ses hommes choisissent Lisle-sur-Tarn et Montans pour cibler la délinquance venue de Toulouse, et le carrefour Pique-Rouge à Gaillac pour être vus du plus grand nombre, tandis que des équipes à pied écumeront le marché de Noël et les centres commerciaux, mardi après-midi.

Mais voilà, hier à 15 h 45, c’est l’adjudant-chef Berger qui fait le briefing – seul – sur le parking de la compagnie.

Le commandant Matuszak est au téléphone avec l’adjudant-chef Milhou auprès duquel il a dépêché une équipe du Gelac 90 minutes plus tôt. L’objectif de l’après-midi était de «bleuir le terrain» en multipliant les contrôles sur les axes stratégiques pour provoquer un sentiment d’insécurité chez les délinquants. Mais c’est sur une toute petite route départementale que les collègues de Castelnau-de-Montmiral ont fait bonne pioche à 13 h 50, en se rendant tout simplement sur un différend familial. Leur attention a été attirée par une Laguna garée près du stade de Cahuzac-sur-Vère, ou plutôt par son démarrage manifestement provoqué par l’arrivée du véhicule de gendarmerie.

Pour le suspect, la course-poursuite s’est arrêtée contre un poteau téléphonique à Andillac. Il a pris la fuite à pied, mais le commandant Matuszak n’a pas dépêché des renforts sur place pour rien.

Ses hommes ont pris le plus grand soin des talkies-walkies, de la clé de contact, mais aussi du matériel informatique, des jouets sous blister, de la bouteille d’alcool, des deux verres et du tournevis abandonnés par le voleur.

À 16 h 30, nouvel appel. L’adjudant-chef informe le commandant que des relevés d’empreintes et de traces ADN ont pu être effectués. Gilles Matuszak traduit mentalement. Cela veut dire qu’il aura sans doute les résultats(1) en mars ou avril 2018. Mais tout vient à point à qui sait attendre. Depuis la création du Gelac en septembre, les prélèvements envoyés au labo sont tous revenus positifs, ce qui a permis de mettre des noms sur les auteurs de plusieurs cambriolages et vols dans des véhicules. Certains ont été arrêtés, les autres le seront un jour ou l’autre.

Les appels de phare, fléaux des opérations anticambriolages

Sourire aux lèvres, le commandant peut enfin rejoindre ses troupes au carrefour Pique-Rouge où l’adjudant-chef Berger vient de mettre en place le dispositif. Les gendarmes qui étaient en poste sur les barrages de Montans et Lisle-sur-Tarn, quelques minutes plus tôt, remettent leur gilet jaune réfléchissant. En retrait, leurs collègues du PSIG, tout de noir vêtus, surveillent les accès HK UMP 9 mm en bandoulière.

17 heures. L’adjudant-chef Berger prévient le centre opérationnel par radio qu’ils vont rester en place une heure. À Albi, Jacques et Richard prennent note tandis que ça bouge sur le grand tableau blanc fixé au mur. Le rétroprojecteur indique que les véhicules géolocalisés des brigades intervenues à Andillac se sont remis en mouvement. Jacques et Richard peuvent se concentrer sur de nouveaux appels.

Peu après 18 heures, le commandant Matuszak fait les comptes. 90 coffres ouverts sur la grosse «opé» du jour. Pour cette fois, aucun flag à se mettre sous la dent mais ce n’est que partie remise… à condition bien sûr que des appels de phare intempestifs n’empêchent pas des cambrioleurs de se jeter dans la gueule du loup bleu.

(1) Pour des crimes de sang ou des affaires de terrorisme, avoir des résultats prend évidemment beaucoup moins de temps.


Des patrouilles à pied très appréciées

Lutter contre les cambriolages passe aussi par la prévention. Et à cet égard, les patrouilles à pied sont un bon moyen de créer du lien avec les commerçants et les chefs d’entreprise.

Hier après-midi, la galerie marchande du centre Leclerc de Gaillac a eu droit à une petite visite. Avec leur œil averti, les gendarmes ont vite repéré la place alléchante occupée par les bouteilles de whisky, en tête de gondole juste devant la sortie. Bernard, l’agent de sécurité, les rassure. Elles ne sont à cette place que pendant les fêtes et de toute façon le portique est surveillé toute l’année. Après une solide poignée de main, la patrouille poursuit sa route.

Au centre-ville, ce sont les commerçants du marché de Noël et des rues adjacentes qui voient passer les gendarmes. La marchande de bonbons se dit rassurée. Un peu plus loin, dans une autre boutique, cette dame n’en fait pas cas. «C’est bien mais c’est surtout le soir à la fermeture qu’on aimerait les voir plus souvent. C’est le moment le plus critique pour nous.»

Les statistiques lui donnent raison. Car si l’essentiel des cambriolages a lieu de jour, pendant leur absence, chez les particuliers, c’est logiquement le soir et la nuit que les commerces et entreprises sont visés.

Dans tous les cas, la meilleure des protections reste de compliquer la tâche des voleurs en sécurisant portes et fenêtres. Plus ils mettent de temps à entrer par effraction, plus ils ont des chances de se faire prendre, préférant des endroits où ils peuvent agir vite et facilement. Avis aux distraits qui oublient de fermer leur porte ou qui laissent les clés dans la voiture.

SURVEILLANCE à la demande > toute l’année. L’opération tranquillité vacances qui garantit, à la demande des résidents, la surveillance de leur logement en cas d’absence, ne fonctionne pas uniquement pendant les vacances. Tout au long de l’année, les personnes peuvent signaler leur absence, sa durée et leur adresse exacte, au commissariat ou à la gendarmerie de leur secteur. Les gendarmes, désormais équipés de tablettes, ont accès, où qu’ils soient, à une carte recensant toutes les habitations signalées vacantes. Un outil qui permet aux forces de l’ordre d’optimiser leurs tournées de surveillance.

Béatrice Dillies

Source : La Dépêche

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *