Gendarme héraultais disparu à la Réunion : la mère de Mathieu Caizergues veut connaître la vérité

Depuis le 23 juin 2017, Mathieu Caizergues, le gendarme de 24 ans en poste à La Réunion n’a plus donné signe de vie

Bientôt deux ans que Mathieu Caizergues, gendarme mobile héraultais stationné à la Réunion, a disparu lors d’une randonnée dans le massif du Maïdo. Sa famille, et en particulier sa mère basée dans l’Hérault, remue ciel et terre pour le retrouver et faire la lumière sur ce qui lui est arrivé le 23 juin 2017.

Une information judiciaire a été ouverte pour non-assistance à personne en danger au cours de laquelle ses deux accompagnateurs ont été mis en examen par un juge d’instruction réunionnais. Mais son combat, notamment judiciaire, de cette maman de trois enfants est loin d’être fini.

Les zones d’ombre

La demande de nullité des mises en examen pour nonassistance à personne en danger des deux randonneurs qui accompagnaient le jeune militaire le 23 juin 2017, jour de sa disparition, est une incompréhension totale pour ses proches.

D’autant plus qu’elle est également soutenue par le parquet général de Saint-Denis de La Réunion, qui soutient qu’il n’existait pas d’indices graves et concordants à l’encontre des mis en cause au moment de leur mise en examen. Pour l’avocat de la famille Caizergues, Me Darrigade, « le débat de la nullité n’existe pas ».

Les charges sont avérées selon Me Darrigade « par des mensonges » des deux randonneurs. Qui prétendent ne pas avoir eu connaissance que Mathieu s’était blessé à la tête, alors qu’ils en auraient discuté au téléphone pendant une minute. Ils auraient même tenté de dissimuler leur alcoolisation au moment des faits.

Un état qui pourrait expliquer, selon l’avocat, le déclenchement tardif des secours à 20 h 44 par le planton de la gendarmerie de la Possession, alors que d’autres appels sont passés à des proches bien plus tôt et que la nuit est tombée depuis 18 h 10.

Il note un autre indice troublant dans l’enquête : un message vocal enregistré à 17 h 48, de Mathieu à l’un de ses accompagnateurs. Message découvert « écrasé » du téléphone d’un des mis en cause, vers 23 h. Des éléments suffisants pour être débattus lors d’un procès selon la famille Caizergues.

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Votre fils a dû être déclaré mort au sens civil, il y a un an, pour que le dossier avance. Désormais les mises en examen pourraient être annulées. Pensiez-vous que le combat judiciaire serait si ardu ?

Pas du tout. Je ne m’attendais pas à ce que l’avocat général soutienne la demande de nullité des mises en examen des deux accompagnateurs de mon fils (un gendarme et le mari d’une autre). C’est une étape supplémentaire. On ira jusqu’au bout parce que ce n’est pas possible que ces deux personnes soient exonérées des charges qui pèsent sur elles.

Elles clament leur innocence. Alors c’est qu’elles ont fait ce qu’il fallait pour sauver Mathieu et pourquoi mentir ? On savait que ce serait un combat justement car un des mis en cause est gendarme. Mais on ne pensait pas que la justice allait faire barrage. Nous sommes toujours les dommages collatéraux dans cette histoire.

Depuis des mois vous évoquez les mensonges des deux randonneurs. L’audience devant la chambre de l’instruction le 21 mai vous a-t-elle confortée dans cette idée ?

Le problème de cette audience (à huis clos), c’est que l’avocat général ne se base pas sur l’ensemble du dossier d’instruction. On n’a rien appris de plus. Leurs avocats estiment que leurs clients sont injustement harcelés par moi et qu’il faut que leur “calvaire” cesse. C’est vrai que pour nous, c’est une partie de plaisir ! Après l’audience, j’ai ressenti de la colère. Aux dires de notre avocat, la décision semblait déjà prise par les juges (le délibéré est attendu le 2 juillet, NDLR). Nous, on vit loin de La Réunion, on ne peut pas être présent tout le temps, c’est énormément de frais. On nous prend pour des andouilles. Mais on ne renoncera pas.

Vous répétez souvent que vous gardez l’espoir. Se transforme-t-il au fil des mois d’absence ?

On a des hauts et des bas. Des doutes. Mais il n’y a pas 50 000 solutions. On a exploré avec des dronistes et des cordistes, la zone où il a disparu et on n’a rien trouvé. Soit il s’est passé quelque chose de grave et on s’est débarrassé du corps ailleurs que dans le Maïdo. Soit il est parti de lui-même du cirque. Mais depuis le début les enquêteurs n’ont travaillé que sur la piste accidentelle. Notre mission, c’est de travailler sur les autres. Pour moi, Mathieu, c’est plus dans le cirque de Mafate. Je ne peux pas l’affirmer mais je n’ai jamais ressenti de vide. Cet espoir ne me quitte pas sinon je serais chez les fous. Leurs mensonges cachent la vérité.

Vous n’avez cessé de mener vos propres recherches. Vous êtes allée quatre fois sur place. Qu’est-ce que cela vous a apporté réellement ?

Ça ne s’explique pas. Il est là-bas, sur cette île. Chaque fois que l’on revient de La Réunion, on est au fond du gouffre. Mais si on n’avait pas médiatisé cette affaire, ça n’aurait jamais bougé. Là-bas, la disparition de notre fils est devenue celle du fils de La Réunion. C’est viscéral. La population veut autant savoir que nous. On a eu beaucoup de déceptions jusqu’au jour où il se passera quelque chose. Mais on a été surpris que la justice examine la demande nullité des mis en examen alors que l’enquête n’est pas encore finie.

Si les mises en examen sont annulées, quel recours envisagez-vous ?

On fera appel devant la chambre de l’instruction et, s’il le faut, on ira en cassation. Il faut un procès, je veux savoir ce qu’ils ont à dire à une mère qui cherche son fils depuis deux ans. Pourquoi ces deux randonneurs ne sont pas allés le chercher ? Et si c’était leur enfant, auraient-ils agi de la même manière ? S’il y a eu un accident, ils auraient dû prévenir les secours.

Source : Midi Libre

 

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