Face aux cambriolages, les voisins s’organisent en Normandie

Face aux cambriolages, les voisins s’organisent en Normandie

Conseiller municipal, Rémi Perrier a accepté de coordonner le réseau des « voisins attentifs » (photo B. Maslard)

Un millier d’habitants, quatorze secteurs et autant de « référents » dont un, Rémi Perrier, par ailleurs conseiller municipal, est chargé de faire le lien avec la brigade de gendarmerie d’Offranville. Aujourd’hui, la commune de Varengeville-sur-Mer, près de Dieppe, est quadrillée par un réseau de « voisins attentifs » mis en place, comme c’est fréquemment le cas, à la suite d’une série de cambriolages.

C’était l’hiver dernier. Privées de leurs bijoux et valeurs, leurs portes ou fenêtres fracturées avec une facilité parfois déconcertante, les victimes échangeaient de proche en proche sur cette triste expérience, alertant leur entourage et la municipalité. L’idée germait de s’organiser en réseau de surveillance. Restait à en déterminer soigneusement les contours, essentiels pour éviter d’éventuelles dérives.

« renforcer les liens »

En mai, une première réunion à la mairie avec un représentant de la gendarmerie faisait salle comble, témoignant du sentiment d’inquiétude et d’une volonté de mobilisation. Des volontaires se proposaient pour participer à la mise en place du dispositif. Ils sont donc quatorze aujourd’hui, dans autant de secteurs géographiques mixant habitat groupé et vastes propriétés. « Il s’est tout d’abord agi d’appeler à la vigilance, mais aussi de renforcer les liens entre voisins et avec la gendarmerie. Dans mon secteur, pratiquement tout le monde a adhéré », se réjouit Rémi Perrier, qui a la charge de faire circuler les renseignements et les alertes transmises par les autres « référents » et par la gendarmerie.

« L’idée, c’est de tendre à une meilleure réactivité, à faire en sorte que l’information circule mieux et plus vite », ajoute le lieutenant Éric Hamon, insistant sur l’importance du flagrant délit. « Il s’agit aussi de dissuader, grâce à une signalétique adaptée et aux vignettes collées sur les boîtes aux lettres, prévenant d’éventuels malfaiteurs qu’ici, les gens sont attentifs à ce qui se passe dans le voisinage ».

Dans cette commune où l’on sait ce que « bornage » veut dire, la définition des limites de l’intervention des voisins, tout aussi bien intentionnés qu’ils soient, a fait l’objet d’une réflexion poussée. « Rien d’obligatoire, rien d’intrusif : le réseau doit être respectueux de la vie privée et de la liberté de chacun », résume Jean-Louis Sayous, que son expérience professionnelle a amené à se porter volontaire comme « référent » et à soumettre à ses voisins une proposition de charte. « La base, c’est déjà de se connaître, de communiquer entre nous, de s’échanger des informations. Par exemple signaler à ses voisins immédiats une éventuelle absence, leur fournir des coordonnées téléphoniques où l’on sera joignable, leur demander de relever le courrier et de jeter un coup d’œil à sa propriété, éventuellement de sortir et rentrer la poubelle. Ensuite, il existe toute une série de mesures, de plus ou moins forte intensité… »

Cela peut être de confier la clef du portail, voire de l’habitation. D’autoriser à engager les réparations de sauvegarde en cas d’effraction ou de dégâts liés à une tempête ou à la chute d’un arbre. De prévenir le « référent » qui fera appel aux forces de l’ordre. « La palette des interventions de bon voisinage est extrêmement large. L’important est qu’elle soit soigneusement délimitée », insiste Jean-Louis Sayous, qui rappelle qu’en aucun cas, les « voisins attentifs » ne doivent dépasser les bornes et s’engager dans des rondes de surveillance aux objectifs douteux.

En fait leur meilleure arme, c’est le téléphone, sur lequel les adhérents au réseau reçoivent des SMS d’alerte en cas de cambriolage ou de présence d’un véhicule suspect signalé par la gendarmerie.

C’est aussi la bonne volonté qui fait qu’au-delà d’une préoccupation sécuritaire, les uns vont veiller sur les autres en cas de grand froid, de canicule, de maladie, de coup dur.

Tout cela porte un nom : la solidarité, tout simplement.

Source : Paris Normandie

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