Diesel tuée par le Raid, guéguerre police-gendarmerie… Trois mois après les attentats, les polémiques qui durent

DECRYPTAGE – Plusieurs questions restent sans réponse, trois mois après les attaques de Paris et Saint-Denis du 13 novembre 2015. Ce qui alimente quelques polémiques. Metronews fait le point.

Trois mois après les attentats, des zones d'ombre persistent.

Trois mois après les attentats, des zones d’ombre persistent.

La chienne du Raid a-t-elle été tuée par les forces de l’ordre ? Pourquoi le patron du groupe d’élite de la police nationale a-t-il fait état de 5000 munitions tirées par ses troupes, alors qu’il y en avait, au final, « que » 1500 ? La police et la gendarmerie se livrent-elles une guerre de l’ombre ? Trois mois après les attentats du 13 novembre, certaines interrogations suscitées par l’intervention des policiers sont laissées en suspens.

Diesel, le chien du Raid, tuée par un policier ?
Le chien malinois du Raid, âgé de 7 ans, a été tué lors de l’assaut des forces de police à Saint-Denis le mercredi 18 novembre. Le directeur du Raid, Jean-Michel Fauvergue, a expliqué au Figaro que l’animal, parti en reconnaissance, a été « tué à la Brenneke », une munition de fusil de chasse ou de fusil à pompe en dotation dans l’unité d’élite. Or, les terroristes n’étaient armés que d’un pistolet automatique. Il est donc fort probable que Diesel ait été la cible d’un tir du Raid. Mais rien ne permet de l’établir formellement. « Nous ne pourrons pas le savoir puisqu’il n’y a pas eu d’autopsie », a indiqué à Buzzfeed le parquet de Paris.

 Hasna Aït Boulahcen, terroriste ou victime ?
La cousine du « coordinateur » des attentats, Abdelhamid Abaaoud, est considérée par les autorités judiciaires comme une des terroristes. Ou tout au moins « complice » puisque c’est elle qui a logé les terroristes dans ce qu’a appelé le procureur de la République le « logement conspiratif » de Saint-Denis, pris d’assaut par le RAID le mercredi 18 novembre 2015. Ce n’est pas du tout la même version que livre l’avocat de sa famille qui a porté plainte contre X le 13 janvier avec constitution de partie civile pour « terrorisme, crime de meurtre et tout autre chef que l’enquête pourrait révéler ». « Elle était sous pression de son cousin. Elle n’est ni une kamikaze, comme on l’a d’abord prétendu, ni une terroriste, ni une complice de terrorisme », avait indiqué Me Fabien Ndoumou qui s’appuie notamment sur un témoin proche d’Hasna Aït Boulahcen. Celui-ci affirme que la cousine d’Abdelhamid Abaaoud n’a jamais voulu mourir en martyr. Par ailleurs, dans un enregistrement diffusé par TF1, on entend durant l’assaut une voix de femme, vraisemblablement celle d’Hasna Aït Boulahcen, hurler depuis une fenêtre : «C’est pas mon copain (…) Est-ce que je peux sortir, je veux sortir».
5000 munitions, vraiment ?
Jean-Michel Fauvergue a indiqué que le Raid avait tiré 5000 munitions au cours de l’assaut car ils s’étaient retrouvés sous un « feu nourri ». Or, selon un rapport intitulé « Conditions d’interpellation de six individus lors de l’intervention du 18 novembre », que Le Monde a consulté, seules 1500 munitions ont été retrouvées par la police judiciaire. Et seules 11 d’entre elles ont été « attribuées aux terroristes ». Comment trois terroristes, munis uniquement d’un pistolet automatique, ont-ils pu donner l’impression à l’unité d’élite de la police nationale d’être sous un « feu nourri » ? La question reste sans réponse du côté des autorités.

Des policiers victimes de tirs de… policiers ?
Les forces de l’ordre ont reconnu avoir effectué des « tirs de saturation », une technique de feu en continu pour maintenir l’ennemi à distance et l’empêcher de fuir. Voilà qui expliquerait le nombre impressionnant de munitions tirées au cours de l’assaut. Mais aussi le fait que l’on ait retrouvé « au moins quarante […] autres impacts [figurant] à l’intérieur des équipements de protection ». Selon Mediapart, plusieurs balles qui se seraient logés dans les boucliers et un des casque de protection pourraient provenir de collègues. Trois mois après les attentats, ce scénario n’est toujours pas établi formellement, le parquet de Paris ne s’exprimant pas sur les circonstances des tirs ou explosifs qui ont touché cinq membres du Raid lors de l’assaut de Saint-Denis.

La police et la gendarmerie en guerre ouverte ?
Le GIGN, la force d’intervention de la gendarmerie nationale, veut-il mettre un pied dans Paris, zone de compétence de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) ? C’est en tout cas l’inquiétude, côté police depuis les attentats de novembre. Selon nos informations, un petit groupe du GIGN a été discrètement détaché dans une caserne parisienne pendant près d’un mois à la fin de l’année dernière. Une présence « au cas où » il se serait passé quelque chose pendant les fêtes. Une source au sein du GIGN a confirmé à metronews cette information. « Ça a été le cas, ce le sera à nouveau. Nous allons aussi en appui à l’étranger quand on nous le demande », justifie-t-on, écartant toute « guégerre territoriale ». Les policiers considèrent cette présence comme une « énième volonté de la gendarmerie de s’implanter hors de sa zone », estime auprès de metronews un commissaire de police.

Le ministère de l’Intérieur a dû lui-même tenter de mettre un terme à cette querelle lors des vœux du syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI) au théâtre du Châtelet le 25 janvier. « Il peut y avoir deux forces. […] Mais, à la fin, sur la répartition des forces et des missions, compte-tenu de ce que sont les atouts des uns et des autres, c’est moi qui décide. Les Français attendent de nous qu’on fasse bloc », a-t-il fermement répondu face aux policiers qui avaient ravivé la polémique. Pour asseoir son autonomie sur Paris, la BRI du 36, Quai des Orfèvres, devrait, en outre, voir ses effectifs doubler d’ici à la fin de l’année.

Source : Metronews

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *