Le bon gros Saint-Bernard avec son tonnelet de rhum autour du cou est parfait… pour l’album aux images d’Épinal. Pour crapahuter dans la neige à la recherche de personnes ensevelies sous des avalanches, mieux vaut se fier aux bergers allemands ou belges « Malinois » des gendarmes de haute montagne. Des chiens dépourvus de la moindre mignonnette d’antigel mais affûtés et entraînés comme des athlètes.

« Ils sont endurants et ont le gabarit idéal », explique François, jeune maître de chien qui forme avec Fizzi, un « berger allemand louvé » âgé de trois ans, une équipe cynophile du PGHM de Chamonix. Des pattes suffisamment longues pour évoluer dans la poudreuse, un poids plume facilitant l’hélitreuillage: Fizzi, comme Caïro, Rock et une vingtaine de leurs congénères, sont à Montgenèvre pour prendre du galon. C’est dans cette station de sports d’hiver – réputée la plus ancienne d’Europe – des Hautes-Alpes, frontalière avec l’Italie, qu’a lieu depuis 40 ans la formation des chiens guides d’avalanche de la gendarmerie.

« Les oreilles de Mickey »

L’an dernier, Fizzi était encore « vierge » : âgé de 2 ans, il sortait de sa formation initiale de chien-pisteur de gendarmerie à Gramat (Lot) mais n’avait jamais gratté dans la poudreuse. Comme tous les débutants, il est passé par « les oreilles de Mickey », un parcours creusé dans la neige qui, vu du dessus, rappelle effectivement le personnage de Disney. « On travaille d’abord les automatismes, puis le flair », explique le capitaine Dominique Cristofoli, responsable de la formation des chiens d’avalanche de la gendarmerie.

Placé dans l’aire de départ, le chien voit son maître s’éloigner dans un couloir de neige et disparaître dans un trou. Sitôt libéré, il doit foncer vers lui. Puis on renouvelle l’exercice immédiatement, avec un trou cette fois obstrué par de la neige, que le chien doit creuser. Puis c’est un inconnu qui est enseveli, et le maître qui encourage son animal… Peu à peu, le chien associe les encouragements de son maître à la nécessité de retrouver une personne sous la neige. Et lorsqu’elle change de cachette à son insu, le flair prend le relais des automatismes.

Etre joueur avant tout

« La première qualité d’un chien d’avalanche, c’est d’être joueur ! » assure Dominique Cristofoli. A chaque exercice, le maître de chien encourage son animal, l’excite, ce qui peut donner lieu à des scènes cocasses à l’entraînement, quand on surprend un gendarme en train de se rouler dans la neige avec son chien, euphorique d’avoir trouvé son « boudin », le graal du chien d’avalanche…

« Sur une vraie opération avec des victimes, on essaie d’être plus discrets. Le chien comprend, mais il est indispensable de le récompenser et de jouer avec lui, même dans une situation humainement dramatique », confie un gendarme. Chaque mois de janvier durant toute sa carrière de chien d’avalanche, huit ans en moyenne, Fizzi reviendra s’entraîner – passer un « contrôle technique » dans le jargon – à Montgenèvre. On a connu pire pour une vie de chien.

Source et Images : MetroNews