Cyril Hemardinquer : « Dire que le port du masque pour les policiers et les gendarmes n’est pas prioritaire est une hérésie »

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La polémique sur l’absence de masque de protection des forces de l’ordre enfle partout en France : les syndicats menacent d’exercer leur droit de retrait, car les fonctionnaires peuvent être en contact avec des personnes contaminées par le Covid-19, lors des contrôles.
Cyril Hemardinquer, secrétaire régional Île-de-France de la Fédération professionnelle indépendante de la police, a répondu à nos questions.

Comment les forces de l’ordre assurent-elles leurs missions sans protections ?

Les policiers et gendarmes continuent d’exécuter leurs missions dans un contexte de plus en plus délétère. Il est navrant, inconcevable et même inadmissible de voir que ces personnels, qui sont les garants de la sécurité de nos concitoyens, soient exposés gratuitement, lors des contrôles, à un risque permanent et invisible dont ils ne peuvent objectivement évaluer la présence chez les individus.

Les déclarations de notre secrétaire d’État au 13 heures de TF1, ce jeudi, indiquant que le port du masque pour les policiers et les gendarmes n’est pas prioritaire est une hérésie. Ces fonctionnaires et miliaires doivent, selon lui, être à même de juger si une personne contrôlée est susceptible d’être contaminée. Autrement dit, on leur demande d’effectuer un diagnostic médical sans être médecin, et ce, en l’espace des quelques secondes qui vont précéder le contrôle. Doit-on troquer nos Sig-Sauer 2022 et notre gilet pare-balles contre un thermomètre et un stéthoscope ?

De plus, lors des contrôles, nombre de personnes font exprès de tousser et cracher sur les agents intervenants. Dans le contexte actuel, ils devraient être poursuivis pour crime.
L’article 221-5 du Code pénal énonce que « le fait d’attenter à la vie d’autrui par l’emploi ou l’administration de substances de nature à entraîner la mort constitue un empoisonnement. L’empoisonnement est puni de trente ans de réclusion criminelle. Il est puni de la réclusion criminelle à perpétuité lorsqu’il est commis dans l’une des circonstances prévues aux articles 221-2, 221-3 et 221-4. Les deux premiers alinéas de l’article 132-23 relatif à la période de sûreté sont applicables à l’infraction prévue par le présent article. »
Or, il n’en est rien et ces derniers agissent en toute impunité. Pourquoi ce laxisme ? Nos forces de l’ordre sont-elles perçues comme du simple consommable ?

Plus que cela, lors du transport d’un individu récalcitrant et potentiellement atteint du Covid-19, si celui-ci postillonne ou crache partout dans le véhicule, les services ne sont pas équipés pour réaliser le transport tout en respectant la sécurité des agent intervenants, ni même pour effectuer une décontamination correcte du véhicule, mettant en péril les utilisateurs ultérieurs, qu’ils soient policiers ou personne sous contrainte.

 

Est-ce que la FPIP fait partie des syndicats qui menacent de se retirer du terrain s’il n’y a pas de réapprovisionnements en masques ?

La FPIP met en garde nos dirigeants contre l’abstention volontaire de prise de mesures permettant de combattre un sinistre de nature à créer un danger pour la sécurité des personnes, ce qui constitue un délit prévu par l’article 223-7 du Code pénal, et exige pour chaque agent en contact avec des usagers ou des détenus la mise à disposition des équipements de protection individuelle (R 4311-8 du Code du travail).

Le ministère des Solidarité et de la Santé a établi une fiche transporteurs sanitaires, les policiers doivent être logés à la même enseigne que les équipes médicales.

Mettre les quelques (rares) masques de protection des forces de l’ordre à la disposition des personnels des hôpitaux, c’est sacrifier des vies au profit d’autres, autrement dit un policier ou un gendarme a une moindre valeur par rapport à un infirmier ou un médecin. Pour autant, dans l’accomplissement de ses fonctions, un policier ou un gendarme sauve tout autant de vie.

Nous engageons l’ensemble de l’effectif policier à ne pas se mettre en danger pour l’exécution de contrôles préventifs. Notre métier est, en soi, déjà un sacrifice quotidien, mais un sacrifice, comme son étymologie l’indique, doit relever d’un caractère sacré. Jeter en pâture des policiers pour de simples contrôles administratifs, cela n’a pas de sens.

Selon nos instances dirigeantes le masque ne sert à rien si l’on n’est pas contaminé soi-même, les gestes barrières sont suffisants. Alors, pourquoi notre Président apparaît devant les caméras à Mulhouse avec un masque ? Lui et l’ensemble du personnel à ses côtés, dont un général de division. N’est-ce pas un général de gendarmerie qui a déclaré « Un gendarme avec un masque, c’est un gendarme malade, et, donc, du fait de sa maladie, il n’a pas à être sur le terrain » ?
Pourtant, tout le monde sait que c’est une nécessité de généraliser le port des masques de protection.

 

Un sous-officier de gendarmerie est décédé dans sa caserne après avoir contracté le Covid-19. Quelle a été votre réaction ?

La mort de ce gendarme est une véritable tragédie. Elle illustre, à elle seule, la cruauté du système mis en place et les conséquences du manque d’anticipation. Cet homme, âgé de 51 ans, père de trois enfants, sans antécédents médicaux particuliers, qui décède du Covid 19 chez lui, c’est inadmissible.

Pourquoi ? Parce qu’un représentant des forces de l’ordre en bonne santé qui se voit suspecté d’être infecté par le virus est « invité » à rester confiné chez lui pendant 14 jours.
Il ne bénéficie pas de test de dépistage, pas de suivi en temps réel, et se retrouve à la merci d’une quinte de toux entraînant une forte accélération du rythme cardiaque qui, sans aide médicale, peut rapidement être suivie de la mort par arrêt cardiaque.

Combien de personne sont dans ce cas ? Laissés livrés à eux-mêmes jusqu’à ce que mort s’ensuive ? On n’en connaîtra jamais les chiffres, car ces morts-là, n’ayant pas lieu dans les hôpitaux, ne seront même pas décomptés dans les chiffres officiels de la mortalité liée au virus.
Un civil atteint bénéficie d’une prise en charge médicale, le plus souvent.
Un militaire ou un fonctionnaire de police doit se débrouiller seul chez lui, au risque même de contaminer sa propre famille, car les quatorzaines s’effectuent toujours au domicile.

Est-ce, là, toute la reconnaissance de la nation envers ceux qui la défendent au quotidien ?
La FPIP adresse tout son soutien et ses condoléances à cette famille endeuillée, elle adresse également son soutien inconditionnel à tous les acteurs mobilisés sur le terrain pour défendre nos vies, notre peuple, notre civilisation.

Source : Boulevard Voltaire

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