Compiègne : Alain Guilloteau, un héros au service des autres enfin décoré

Choisy-au-Bac, foyer L’Acacias du home de l’enfance, ce samedi. Pour son investissement dans la protection des enfants placés par l’aide sociale à l’enfance, pour son parcours de vie courageux, Alain Guilloteau a été fait chevalier de l’ordre national du mérite. LP/Stéphanie Forestier

Garde du corps de François Mitterand, ancien du GIGN, le gendarme qui a participé à la libération des otages d’Ouvéa a trouvé la paix sur les routes de Compostelle avant de devenir le président du Home de l’Enfance.

Calme et pondéré, Alain Guilloteau, 59 ans, semble toujours serein. Derrière cette quiétude apparente se cache pourtant un homme d’action au passé inimaginable. Ce samedi, c’est avec humilité que le président du Home de l’enfance depuis 2001 est devenu chevalier de l’ordre national du Mérite des mains de la sénatrice socialiste, Laurence Rossignol. Non pour ses faits d’armes, mais pour son altruisme auprès des enfants placés dans les foyers qu’il dirige.

Devenu gendarme en 1977, Alain Guilloteau intègre en 1982 le groupement de sécurité de la présidence de la République. Il veille alors sur François Mitterand et sa famille dans la plus grande discrétion. « J’ai connu Mazarine quand elle avait sept ans ! Dès qu’il le pouvait, le président allait la retrouver. Je l’ai suivi dans les plus beaux pays du monde et j’ai protégé ses enfants et petits-enfants qui adoraient sauter sur son lit quand il était dans sa maison du Sud de la France. »

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En 1986, il finit premier au test physique du concours d’entrée au groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). « J’avais envie d’aider les gens en difficulté et de sauver des vies. » Un credo qui ne le quittera jamais. Il intervient pour les extractions de détenus, combat des mutineries dans des prisons, participe à des arrestations dans le domaine du grand banditisme, il escorte des parrains de la mafia italienne…

 

Mais l’épisode le plus marquant de sa vie fut la prise d’otages à Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, en 1988. Le 27 avril, en pleine révolte indépendantiste kanak, il se sacrifie avec cinq autres membres du GIGN pour sauver la vie de gendarmes déjà détenus. Devenu otage, il est emmené par des hommes armés dans une grotte. « Nous étions menottés deux par deux et partagions une assiette de riz par jour dans des conditions sanitaires effroyables. Nous avions la peur au ventre, car ils nous menaçaient et nous savions qu’un assaut se préparait. Nous avons été malmenés huit jours de suite, jusqu’à notre libération. »

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Le 5 mai 1988, le gouvernement déclenchera en effet l’opération « Victor », conduite par l’armée française. « Nous avons réussi à nous procurer des armes grâce au procureur qui avait caché deux revolvers dans sa culotte… Sans lui, nous serions morts. L’assaut a duré six heures interminables. » Au cours de l’opération, deux militaires seront tués, ainsi que dix-neuf preneurs d’otages.

Revenu profondément marqué, Alain Guilloteau a retrouvé la paix intérieure en s’élançant pour la première fois sur les chemins de Compostelle le 27 avril 1992. Il quittera le corps d’élite en 1994. « Ma famille avait peur quand je partais en intervention. J’ai donc préféré arrêté plutôt que de les voir souffrir. »

Le gendarme est aujourd’hui président de l’association des Pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, à Compiègne. Il a également participé à la création de la police municipale qu’il a dirigée pendant sept ans. Directeur du service des sports et du pôle évènementiel de la ville de Compiègne, il est aujourd’hui le responsable du service du patrimoine immobilier.

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