« Ce n’est pas à moi de juger si la mission d’aller porter secours à une personne est légitime », assure le chef des forces spéciales

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Les deux touristes français libérés au Burkina Faso le 10 mai par les forces spéciales après avoir été enlevés neuf jours plus tôt lors d’une excursion dans le parc de national de la Pendjari, dans le nord du Bénin, ont-ils été imprudents?

D’après le Figaro, Marianne, ou encore Le Parisien, la parc de national de la Pendjari n’était pas classée en « zone rouge » par le ministère des Affaires étrangères au moment de leur enlèvement.

En réalité, selon une carte mise en ligne le 27 avril, seul l’extrême-nord de la région était « formellement déconseillée » aux voyageurs, la partie plus au sud étant classée « orange », c’est à dire « déconseillée sauf raison impérative ».

Dans un cas comme dans l’autre, il était donc risqué d’entreprendre une telle excursion, d’autant plus que l’on ignore le lieu exact où les deux touristes ont été enlevés. Et le résultat est que deux commandos marine ont laissé leur vie dans l’opération montée pour les libérer.

Pour l’amiral Laurent Isnard, le commandant des opérations spéciales [COS], qui s’est confié au Journal du Dimanche, il est évidemment « humainement difficile de perdre deux commandos ». Et il l’est d’autant plus touché par la mort des maîtres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello qu’il a été la tête du commando Hubert [l’unité à laquelle ils appartenaient].

« Mais le combat, c’est aussi avoir beaucoup d’humilité, de ténacité, d’audace et d’abnégation », a continué l’amiral Isnard. « Nous n’avons aucun doute sur le bien-fondé de notre mission. Et ce n’est pas à moi de juger si la mission d’aller porter secours à une personne est légitime », a-t-il fait valoir.

« Lorsque le peloton de gendarmerie de haute montagne va chercher des skieurs qui font du hors-piste, il ne se pose pas la question de savoir d’où ils viennent ou qui ils sont », a relevé l’amiral Isnard.

Et cela vaut aussi pour les forces spéciales qu’il commande. « Il en est de même pour nous » et « tant que des citoyens français seront menacés et que nous recevrons l’ordre d’aller les chercher, nous irons les chercher. C’est notre métier, c’est notre mission et nous continuerons à la faire », a-t-il assuré. Et d’insister : « Et si c’est face à des terroristes, nous n’avons aucun état d’âme, nous sommes prêts à recommencer dès demain matin. »

Quant à l’opération en elle-même, l’amiral Isnard a expliqué qu’elle a été décidée dans l’aprè-midi du 10 mai, quand il est apparu que les ravisseurs allaient très certainement remettre leurs otages à un groupe jihadiste « beaucoup plus dur » au Mali. « Il fallait donc absolument profiter de cette occasion, ce temps d’arrêt pendant lequel nous avions les otages et les terroristes en visuel, permettant d’envisager une action de libération », a-t-il dit.

Les modalités de cette opération ont été définies à Paris, en relation avec les commandos sur le terrain. Elles ont ensuite été proposées au général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], qui les a validées. Puis, ce plan d’action a été approuvé par le président Macron. « C’était une occasion unique, sachant que l’action était pointue. Car les terroristes ont pour consigne d’abattre leurs otages si ceux-ci risquent d’être libérés », a souligné l’amiral Isnard.

Photo : Ministère des Armées

Source : OPEX 360

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