Brest. Fusillade à Kerangoff : « Ce n’est pas notre quartier, ça »

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(Le Télégramme/Jean-Luc Padellec)

Trois hommes ont été blessés suite à une fusillade jeudi soir au cœur de Kerangoff, à Brest. Ce vendredi matin, la consternation prédominait dans ce quartier de la rive droite.

11 h 15, ce vendredi, à la sortie de la boulangerie de Kerangoff. Sous le crachin, une quadragénaire sort du commerce avec sa baguette sous le bras, et réajuste sa capuche lorsque son regard est attiré par l’affichette du journal. « Une fusillade, ici ? Que s’est-il passé ? », interroge-t-elle, incrédule.

On lui apprend que trois hommes de 17, 25 et 41 ans ont été blessés aux membres inférieurs, jeudi soir, peu avant 21 h rue François-II, après avoir essuyé des tirs par arme à feu. La passante reste silencieuse quelques secondes. Puis elle soupire. « Ce n’est pas notre quartier, ça. J’habite à environ 200 mètres. Globalement, c’est assez calme, même si parfois, des jeunes oisifs créent quelques problèmes ».

« Pendant longtemps, c’était calme »

Le long de l’immeuble de la rue François-II, une vieille dame rentre des courses et s’apprête à passer sous le porche pour rejoindre son logement. Elle a entendu les coups de feu, « quatre ou cinq, je crois. J’ai pris peur, même si j’ai pensé à des pétards au début. Mais avec les gyrophares de la police, quelques minutes plus tard, j’ai compris que c’était sûrement plus grave ».

Cette nonagénaire encore vaillante habite le quartier depuis plus de 30 ans et compte bien y rester « jusqu’à la mort ». Pourtant, elle n’est pas franchement rassurée quand elle rentre chez elle. « Pendant longtemps, c’était calme. Mais ces dernières années, on voit plein de jeunes qui sont là devant les immeubles, et ils sont parfois intimidants. Il y a quatre ans, l’un d’eux m’avait agressée verbalement, et j’étais allée porter plainte au commissariat », confie-t-elle.

« La mondialisation du crime »

Au Carrefour Market, jeudi soir, la gérante n’avait pas encore fermé boutique quand les coups de feu ont retenti. « J’étais occupée, je n’ai rien vu, si ce n’est la police qui est arrivée rapidement ». Son sentiment ? De la tristesse. Mais aussi de la colère de voir « qu’une fois de plus, on va ternir l’image d’un quartier où beaucoup de gens vivent sans histoire. Nous sommes deux femmes à servir les clients. Il n’y a pas plus d’insécurité ici qu’ailleurs, sinon, on ne resterait pas ». Un sentiment que partage aussi ce retraité rencontré dans la rue pour qui, « il fait bon vivre dans le quartier, avec les commerces de proximité. Le problème, c’est surtout la grande précarité ».

Au bar-PMU chez Django, le rideau était baissé au moment des faits. Derrière le comptoir, le patron se montre fataliste. « J’ai travaillé longtemps en région parisienne, à Aubervilliers. Aujourd’hui, Brest vit ce que Paris connaît depuis plus de 20 ans. On vit une époque mondialisée, et le crime se mondialise aussi ». Un client qui habite le quartier depuis plus de 20 ans, abonde. « La drogue est partout. Et ces gens-là ne règlent pas leurs différends au bourre-pif ! »

Pas d’interpellation

L’entrée numéro 8 de l’immeuble où les policiers concentraient leur attention jeudi soir, après la fusillade, ne porte pas de trace d’impact. Un jeune homme qui paraît tourmenté appuie sur l’une des sonnettes mais personne ne répond. On tente de l’interroger. « J’ai un pote qui a été touché, il est à l’hôpital », glisse-t-il. Mais comment va-t-il ? « Je ne vous dirai rien », répond-il, en tournant les talons.

Si l’hypothèse d’un règlement de compte semble la plus probable, une enquête est en cours, et aucune interpellation n’avait eu lieu ce vendredi matin, selon le parquet de Brest. Cette nouvelle flambée de violences intervient une quinzaine de jours après le caillassage d’un bus dans le même quartier, à l’arrêt Pierre Loti. Une passagère avait été blessée par les éclats de verre. L’agresseur présumé âgé de 16 ans avait été interpellé. Autre fait notable : en avril dernier, plusieurs véhicules avaient été incendiés.
Source :  Le Télégramme

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