Aux larmes citoyens !

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Le maître Cédric de Pierrepont et le maître Alain Bertoncello ont été tués au combat
HandOut AFP / Marine nationale

Il est dit que la colère est mauvaise conseillère ? Elle est chez moi parfois trop écoutée et toujours à mon désavantage au regard de deux retards à l’avancement.

Mais comment s’en libérer quand les événements s’accumulent au point que le « trop plein d’une horloge biologique vieillissante » ne joue plus son rôle salvateur : la décompression par le « bah, ça ira mieux demain ».

Après le malheureux épisode « Notre-Dame » et ses interrogations légitimes, le comportement inqualifiable de quelques décérébrés à la manifestation G.J. avec leur ignoble « Suicidez-vous ! » à l’égard des forces de l’ordre, voici que dans la nuit du 9 au 10 mai deux de nos militaires, parmi les mieux préparés, ont perdu la vie au Burkina Faso dans une opération visant à sauver des « touristes » français pris en otages quelques jours plus tôt.

Que d’émotions en si peu de temps ?

Avec ça, le verbiage des politiques de tout bord est loin de relever les débats.

« Ils sont morts pour la France » a dit la ministre des Armées, ajoutant même «Ils n’ont pas tremblé, ils n’ont pas hésité, ils ont protégé les otages au prix de leur propre vie. C’est toute la Nation qui s’incline devant leur bravoure« .

Non madame ! Prenez-vous les pieds dans la moquette de l’hôtel de Brienne plutôt que de sortir l’oracle habituel telle la Pythie de Delphes.

Nos camarades sont morts à cause de l’inconscience criminelle de deux imbéciles, en mal de sensations fortes (d’autres termes seraient plus appropriés), dans une zone à risques malgré les recommandations du Quai d’Orsay.

Vous ne vous démarquez pas de cette caste politique à l’émotion feinte et aux diarrhées verbales de comptoir. Passée la cérémonie d’usage, la gesticulation, en un mot l’affichage de façade, ces garçons seront vite oubliés au même titre que d’autres braves, avant eux, tombés sur les différents théâtres d’opérations. Par exemple, qui se souvient de nos 89 soldats morts en Afghanistan ? Quel a été le soutien de l’Etat aux familles ? Qu’en est-il aujourd’hui ?

Enlevé au Bénin le 1er Mai, dans le même temps, leur guide a lui aussi payé le prix fort. Un mois plus tôt c’est un médecin capitaine du service de santé des armées, Marc Laycuras, qui perdait la vie lors d’une opération de « lutte contre les groupes armés terroristes » (24e militaire français décédé au Mali, pays voisin, depuis l’intervention française Serval en 2013 soit dit en passant).

Toute la zone dénommée Sahel n’est certainement pas propice à l’aventure. Sans être expert dans le domaine plusieurs théâtres sur le sol africain m’ont fait comprendre qu’aucun gouvernement de ce vaste continent ne peut garantir la sécurité de sa population et encore moins celle des touristes.

La surveillance de ces territoires est loin d’être une promenade de santé.

Cela dit mon code pénal personnel discrédite ces irresponsables pour mise en danger de la vie d’autrui, au même titre que les « risque-tout » en montagne ou ailleurs qui mobilisent quantité de sauveteurs et de matériels à un coût élevé notamment en vies humaines.

En revanche, je donne un bon point au ministre des Affaires étrangères seul à avoir émis un reproche même s’il est de portée très générale.

Pour avoir vécu les événements de Loyada en 1976, je suis convaincu du devoir de libérer des otages, quels qu’ils soient, tout en acceptant d’en payer le prix. Dans cet esprit Je ne discuterai pas du sens de la mission.

Bien sur que nos camarades ont fait le boulot sans se poser de question. Nos soldats sont des hommes d’honneur et de devoir. Il y a belle lurette qu’ils sont au top, parés pour toute action avec en filigrane l’option « non retour ».

Bien qu’évoluant dans une institution partant en couille depuis des décennies, entre réduction des budgets et matériel dépassé, ils avaient foi en leur métier. C’est le sacerdoce de la grande majorité de celles et ceux qui servent (ou qui ont servi) le pays sous l’uniforme malgré nombre d’idéaux bafoués conjugués parfois au désintéressement des chefs pour un plat de lentilles, une barrette ou une étoile.

A propos d’étoiles, j’en profite pour rehausser mon capital sympathie à l’encontre des « képis feuillus » en revenant sur l’intervention du CEMA, le général Lecointre, auquel j’exprime ici mon admiration.

Digne successeur du général de Villiers ce chef a montré une vive émotion (non feinte celle-là) lors de sa déclaration publique.

Sa sensibilité a d’ailleurs fait l’objet, ça et là, de commentaires stupides tout à fait à la mesure de l’intellect ou de la méconnaissance de leurs auteurs. J’invite ces derniers à se renseigner sur cet officier, capitaine à l’époque, qui a vécu sur le terrain la tragédie par la perte d’hommes au combat (pont de Vrbanja – Sarajevo 1995). Là aussi, le groupe a réalisé un sacré « boulot ».

Enfin, cerise sur le gâteau, cet accueil grotesque du président de la République, retransmis en direct s’il-vous-plait depuis le tarmac de Villacoublay. Un déplacement malvenu et assurément mal vécu par la communauté militaire. Mais n’avons-nous pas été habitués aux « débordements » de nos gouvernants ? Entre le « casse-toi pov’con » et un pilote de scooter au chevet d’une racaille blessée (pas de nom à la radio) ces gens peuvent-ils encore nous étonner ?

J’imagine l’état d’esprit du CEMA et du CEMM contraints au protocole du serrage de louches des deux inconscients.Pour leurs craintes subies en zone djihadiste, pourquoi pas leur décerner la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme tant qu’on y est ?

Je ne serais pas surpris d’une tournée des plateaux télés de ces deux individus ? A moins que l’exclusivité ne soit donnée à Ruquier ou Fogiel ? Oui je sais, la cible « journalistique » peut paraître malvenue ? Je précise toutefois que leur statut de couple ne m’offusque pas.

Les maîtres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, tous deux officiers mariniers, ont trouvé la mort au combat. Ils ne méritaient pas de figurer à titre posthume dans une corbeille de mariage.

Les honneurs leurs seront rendus mardi 14 mai aux Invalides. Comme d’habitude il y aura foule sur le pont Alexandre III et de part et d’autre de l’esplanade.

Anonyme parmi d’autres anonymes j’y serai. A mon humble niveau je rendrai hommage à ces deux valeureux camarades morts et partagerai le chagrin de leur famille et de leurs frères d’armes.

Je doute que ma colère soit alors redescendue.

Alain Martelle

Trésorier de l’APG

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