Affaire Maëlys: le minutieux travail des experts de la gendarmerie

L'avis de recherche de la jeune Maëlys, 9 ans, disparue à la salle de polyvalente à Pont-de-Beauvoisin.

L’avis de recherche de la jeune Maëlys, 9 ans, disparue à la salle de polyvalente à Pont-de-Beauvoisin.PHOTOPQR/LE DAUPHINE/MAXPPP

Six mois après la disparition de la fillette, les experts scientifiques de la gendarmerie tentent de vérifier la version donnée par Nordahl Lelandais, le principal suspect passé aux aveux, mercredi.

Nordahl Lelandais a fini par avouer. C’est bien lui qui a tué « involontairement » la petite Maëlys, 9 ans, rencontrée lors d’un mariage à Pont-de-Beauvoisin dans la nuit du 26 au 27 août dernier. Mais ces aveux, survenus tardivement à bientôt six mois après la disparition de la fillette, ne sont pas un aboutissement mais presque un point de départ. Car l’ex-militaire de 34 ans n’a pour l’instant pas expliqué comment et pourquoi Maëlys était morte.

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« Le suspect nous a donné une version, il faut qu’on la confirme scientifiquement de manière qu’on ne découvre pas, dans quelques années, au moment du procès, qu’il avait fait autre chose », explique ce jeudi à L’Express le colonel Patrick Touron, directeur de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Car Nordahl Lelandais a beaucoup menti depuis le début de l’affaire.

« Vérifier si ce qu’il nous dit est vrai »

Face à un suspect qui n’a eu de cesse d’adapter sa version aux éléments qu’enquêteurs et juges lui ont opposé, le travail des experts de la gendarmerie est crucial. « Nous devons vérifier si ce qu’il nous dit est vrai. Il existe plusieurs hypothèses, nous devons tout verrouiller », poursuit le haut gradé. Les spécialistes sont, par exemple, déjà en train de vérifier si un corps abandonné dans un tel milieu peut se dégrader de cette façon en quelques mois. Un médecin légiste, des anthropologues médico-légaux, des spécialistes en faune et flore forensiques… De nombreux spécialistes et techniciens en investigation criminelle travaillent sur place de manière très minutieuse.

Les fouilles dans le massif de la Chartreuse rendues très difficiles par les conditions météorologiques ont permis de retrouver un crâne et un os long dès mercredi. Ce jeudi, la quasi-totalité des restes de Maëlys ont été découverts. Mais que peut-on attendre d’éléments retrouvés de très longues semaines après la commission des faits?

« Ce qui est sûr, c’est qu’il y a peu de chances de retrouver autre chose que des éléments de squelette », explique à L’Express Michel Sapanet qui dirige l’Institut médico-légal de Poitou-Charentes. La fillette qui ne portait qu’une robe blanche à fines bretelles n’aurait pas été enterrée mais « déposée » dans un ravin situé dans un endroit reculé et montagneux, selon la version fournie à ce stade par le meurtrier présumé.

« La dégradation d’un petit corps peut être très rapide »

Le corps est forcément très dégradé dès le début par la présence d’insectes et de charognards, sangliers, renards et blaireaux essentiellement. « La dégradation d’un petit corps peut être très rapide, l’espace de quelques jours », révèle le médecin légiste.

Dans cette hypothèse, le médecin légiste nommé sur cette affaire va quand même essayer de faire parler les éléments dont il dispose. « Il va étudier toute la surface osseuse à la recherche de toutes sortes de traces. Chez un enfant, les os sont plus fragiles, les violences peuvent donc plus facilement provoquer des fractures », poursuit le Docteur Sapanet. Les armes blanches peuvent laisser des marques également et orienter l’enquête dans une autre direction.

Nordahl Lelandais, dresseur de chiens, ex-militaire et principal suspect dans la disparition de la petite Maëlys est passé aux aveux.
Nordahl Lelandais, dresseur de chiens, ex-militaire et principal suspect dans la disparition de la petite Maëlys est passé aux aveux.Facebook

En revanche, l’absence de tissus rend quasiment impossible la découverte de traces de violences sexuelles. « Nordhal Lelandais est un homme intelligent et méticuleux. Peut-être a-t-il volontairement attendu avant de parler, laissant la nature faire son oeuvre », estime une source proche du dossier. Le trentenaire doit être à nouveau entendu par les juges d’instruction prochainement. Comment et où Maëlys est-elle morte? Il a encore beaucoup à dire. Reste à savoir s’il entend toujours « coopérer » avec la justice.

Source : L’Express

bandeau Asso APG

L’Association Professionnelle Gendarmerie (APG) salue le professionnalisme et les compétences de l’ensemble de nos camarades gendarmes ayant activement participé à cette enquête.

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